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CHRONIQUE MUSICALE. L'année théâtrale vient de finir. Avec elle, s'est aussi terminée la série des con- certs dounés par le Cercle musical. Enfin, une œuvre nouvelle, — à -propos-opéra, — a été représentée au profil de la souscription pour la statue de l'empereur Na- poléon. — Menus événements ; mais que la chronique, faute de mieux, doit cepen- dant demander à ses lecteurs la permission d'enregistrer. C'est le malheur des gloires véritablement populaires d'être,comme une proie sans défense, à la merci de quiconque veut s'en faire un marchepied. Plus un nom est élevé, plus sûrement il attire le fléau de cette humiliation. Aussi, malgré les lau- riers qui l'abritent, l'aigle impériale lui a déjà largement payé tribut. La veine, ce- pendant, semblait être épuisée. Après avoir traîné la redingote grise sur les tré- teaux, crasse le petit chapeau au crâne de Mayeux, parodié le torse de la colonne Vendôme sur tous les flacons de rogomisle, la réclame, de guerre lasse, avait quitté le héros pour la polka, la polka pour Tom-Pouce, lorsque, un peu de politique et quelque courtisannerie aidant, le culte de Napoléon vient de refleurir de plus belle. A Lyon, on ne veut pas demeurer en arrière, on prétend rivaliser avec le monument des Invalides ; il nous faut aussi une statue ; il nous la faut équestre et colossale ! Nous rions : mais c'est à contre-cœur. Si le projet n'a, Dieu merci ! rien de bien sérieux, les tendances qu'il révèle, les moyens dont il use, les ressources auxquelles il s'adresse ne montrent guère de côté plaisant. C'est un spectacle réellement déplo- rable pour tous ceux qui voudraient encore réunir la liberté et la gloire dans une seule auréole, de voir celle-ci fatalement destinée à étouffer sa sœur sous ses étrein- tes même posthumes. — Mais, par un juste retour, en se séparant elle s'isole, et se condamne ou à périr, ou à ne vivre que de honteux secours. Suivez plutôt l'histoire de la souscription lyonnaise. Aujourd'hui, des affiches ; demain, des quêtes à domi- cile. L'argent ne répond pas : vile organisons un bal ! Prenez un billet; de grâce, ne refusez pas. — Pour un pauvre grand homme, s'il vous plaîl ! — La danse donne peu : passons à la musique. Voici un opéra exprès, un baryton venu exprès, une marche de dragons, composée exprès ! Qui regretterait sa dépense, quand il peut,