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                 DU RÉTABLISSEMENT DE LA CONFIANCE.                     663

  souveraineté du peuple ne peut pas même être suspendue pendant les
  délais constitutionnels, et que le peuple doit chaque jour remettre en
  question ce qu'il a décidé la veille ; c'est là qu'on pousse le Pouvoir
  exécutif et l'Assemblée législative à usurper le pouvoir constituant
  que leur mandat ne leur a pas donné, et à déchirer la Constitution, en
  vertu de laquelle ils existent ; c'est là qu'on forge la calomnie contre
  toute renommée républicaine ; c'est là qu'on poursuit toute liberté et
  qu'on proclame l'arbitraire et la force brutale comme le seul moyen de
  gouvernement ; c'est là qu'on provoque les destitutions systématiques ;
 c'est là qu'on réclame la terreur contre-révolutionnaire comme défense
  à nous ne savons quel fantôme de terreur révolutionnaire enterré de-
 puis cinquante ans ; c'est là qu'on verse l'outrage non seulement sur
 les personnes, mais encore sur le pays, et que, pour punir Paris d'a-
 voir usé dans ses votes de sa liberté constitutionnelle, on le signale à
 l'indignation de la France, comme s'il était permis d'oublier que Paris
 a toujours maintenu, par son énergique attitude, et quelquefois au prix
 de son sang, l'indépendance du gouvernement républicain et de la re-
 présentation nationale ; c'est là enfin, lorsque la France est partagée
 entre deux grands partis dont les forces sont presque en équilibre, on
 ose prononcer, au nom de celui de ces partis qui se pare du titre de
 modéré, ce mot sauvage de destruction !
    Ah ! nous le savons heureusement, ces provocations insensées, ins-
 pirées par une colère qui se sent impuissante, ne sont pas dans la pen-
 sée des hommes qui participent au gouvernement légal de la Répu-
 blique ; on les désavoue quelquefois, quand elles s'expriment avec trop
 de brutalité. Nous croyons aux engagements pris, aux serments so-
lennellement prêtés, à la puissance des lois, et surtout à la force des
 choses. Quand on est gouvernement, on ne va pas volontiers se briser
 contre l'impossible. Mais ce n'est pas assez que telles idées, tels projets
ne soient point en effet dans le pouvoir ; il est encore nécessaire que
l'on ne croie pas qu'ils sont à côté du pouvoir. Pourquoi ceux qui en
font des parades continuelles se donnent-ils comme les défenseurs
exclusifs, les amis et les confidents de l'autorité? Pourquoi ne sont-ils
pas énergiquement démentis ? Si la pensée ostensible ou secrète de
l'autorité n'est pas là, où donc est-elle ? Le gouvernement ne se recon-
naît responsable, en fait de journaux, que de son journal officiel, le
Moniteur. Mais cette réponse n'est pas satisfaisante. Le journal officiel
publie les actes et ne les discute pas. Nous sommes habitués à voir
ce rôle exercé par la presse quasi officielle, qui n'engage pas directe-
ment le pouvoir, mais qui en expose les principes et en laisse aperce-