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                  DE LA CAISSE DE RETRAITE A LYON.                       045
     La dotation de la Caisse des invalides se compose de retenues obli-
 gatoires sur le salaire de tout marin et la solde de tout matelot, de pré-
 lèvements sur les dépenses de la marine, et d'une part dans les prises
  de guerre. Elle est restée le modèle de toutes les créations de ce genre
  qui se sont formées sous la tutelle de l'Etat, et de quelques grandes
 industries qui ont fait de l'intérêt bien entendu, en s'attachant leurs
  employés de tous les degrés par l'établissement d'une caisse de se-
  cours et de retraite.
     L'édit de Colbert parut en 1720, et en 1772, François de Mazères,
 mathématicien et jurisconsulte, né à Londres d'une famille française,
 réfugiée en Angleterre à la suite de la révocation de l'édit de Nantes,
  publia un projet de rentes viagères au profit des pauvres travailleurs.
 Une proposition, basée sur le plan de François de Mazères, fut pré-
 sentée, l'année suivante, à la Chambre des Communes, et adoptée à
 une grande majorité ; mais elle fut repoussée par la Chambre des
  Lords. Présentée de nouveau en 1786, la Chambre des Communes
 l'adopta une seconde fois, et l'aristocratie persista à rejeter ce projet
 utile, qui ne devait éclore enfin qu'après une longue incubation de
 près d'un siècle.
    Un acte du Parlement, du 10 juin 1833, assure à tous les souscrip-
 teurs, pendant leur vieillesse, moyennant le versement d'une prime
 fixe, une rente viagère, dont le chiffre le plus élevé ne peut dépasser
 600 francs. Au décès de l'assuré, la famille reçoit un secours en rai-
son des versements faits à la Caisse.
    La France devait-elle se laisser devancer par l'orgueilleuse Angle-
terre, dont la grande habileté consiste à s'emparer hardiment de tous
 les palliatifs secondaires qui peuvent améliorer le sort si dur des
classes industrieuses, sans entamer le pouvoir politique d'une puis-
sante oligarchie ?
    La création des Caisses de retraite a peu réussi, il est vrai, en An-
gleterre. La raison en est attribuée aux formalités nombreuses qui
embarrassent l'accomplissement des conditions, à la faiblesse des
avantages comparés aux versements, à la concurrence des grandes so-
ciétés d'assurances sur la vie, et surtout à l'esprit anglais, qui tient en
défiance les institutions placées sous le patronage du gouvernement,
et qui s'abandonne plus volontiers aux ressources des associations
particulières.
    La commotion politique de 1830, qui lut suivie des crises indus-
trielles qu'amènent nécessairement foutes les révolutions, poussa les