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QU'EST-CE QUE LE MAGNÉTISME ? 641
à l'épigastre et au bout des doigts ? Evidemment non : c'est là une er-
reur grossière qui a pris son origine dans un phénomène mal ob-
servé. On ne serait pas tombé dans celte monstruosité physiologique,
si l'on s'était donné la peine, comme nous l'avons fait, de séparer les
facultés qui appartiennent en propre au somnambule de celles qui
procèdent du magnétiseur.
Chaque sens a une fonction spéciale à remplir ; il ne. peut pas plus
être remplacé par un autre, que suppléé par des parties qui n'ont avec
lui aucun rapport de forme, de structure ou de fonction. Le somnam-
bule ne peutdonc voir que par son œil, entendre que par son oreille,goû-
ter que par son palais. — Mais, si l'on admet, comme cela est incon-
testable, que le magnétiseur puisse lui transmettre sa pensée, il ne
faudra plus s'étonner si le sujet lucide parvient à reconnaître, sans le
secours des yeux, un objet placé derrière son cou, sur l'épigastre, le
bout des doigts ou la plante des pieds. Pour les objets sensibles et
palpables, la sensation tactile qu'il éprouve pourra, sans communica-
tion de pensée, le conduire, par voie de déduction, à apprécier la na-
ture de l'objet, surtout s'il peut s'aider de l'ouïe ou de l'odorat ; mais,
lorsqu'il aura, par exemple, Ã lire quelques phrases d'une lettre ou
d'un livre quelconque, à déterminer la nature d'un objet matériel,
sans le secours du tact ou d'un autre sens, il n'y parviendra jamais,
sans que son magnétiseur lui transmette la notion toute formée qu;
servira de texte à la réponse. Des somnambules ont lu, dira-t~on, au
travers d'un bandeau, ou les yeux fermés par une main défiante ; une
dame aveugle voyait, dans son sommeil, toutes les splendeurs de la
nature ; on peut voir à des distances infinies, aussi bien que de près :
ce n'est donc pas l'Å“il qui voit? Je dirai d'abord que j'ai peu de con-
fiance aux bandeaux, depuis que des expériences positives ont dé-
montré qu'avec le temps, on peut arriver à voir très-clairement au
travers de ceux qui, en apparence, paraissent le plus imperméables Ã
la lumière. Il y a plus d'un somnambule, parmi ceux qui se donnent
en spectacle, qui joue au Magnétisme. Cependant, je serais tenté d'ad-
mettre que, dans cet état, il est possible de voir à travers les paupières ;
mais tout phénomène de vision est entièrement aboli, si l'œil est af-
fecté d'un simple albugo ; si l'on interpose, entre lui et l'objet, seule-
ment une feuille de papier, Ã plus forte raison, si ce bandeau est tout-
à -fait imperméable, et s'il ne permet, par son déplacement, l'introduc-
tion d'un rayon lumineux, et encore le fait n'est-il pas parfaitement
démontré.
En dehors de ces phénomènes, il n'v a plus que des hallucinations
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