page suivante »
QU'EST-CE QUE LE MAGNÉTISME? 637 nierait dans l'idée que j'émets ici pour la première fois, c'est que l'on peut déterminer artificiellement, chez le somnambule, les mêmes mou- vements convulsifs que dans l'hystérie et l'épilepsie. Il suffit de le vouloir. Un fait qui est beaucoup plus important, c'est que ces trois états morbides s'accompagnent d'hallucinations, et que le somnambule, livré à lui-même, ne tarde pas à en éprouver ; c'est que le magnéti- seur peut transmettre sa pensée au somnambule, et qu'il peut très- certainement la communiquer à l'hystérique, au cataleptique, je n'o- serais pas dire encore à l'épileptique ; mais les faits que j'ai observés, et la théorie me conduisent à penser qu'il en doit être de même pour cette dernière maladie. Voici comment je suis arrivé à découvrir cette précieuse analogie. Un jour, je fus appelé près d'une dame qui était en proie à une crise hystérique qui durait depuis deux heures. —Je la trouvai sans connaissance, ne répondant à aucune question, indiffé- rente à tout ce qui l'entourait, se livrant de temps en temps à des mouvements cloniques désordonnés, criant, par intervalle, d'une voix particulière, portant la main à son cou, comme pour arracher quelque chose qui la privait de sa respiration. Après avoir employé les moyens vulgaires, etm'être enquis des causes de la crise, j'eus l'idée d'en agir avec elle, comme avec une somnambule dont on veut faire cesser les mouvements convulsifs. Quelques minutes après, sous l'empire seul de ma volonté, la crise avait cessé, et la connaissance était revenue tout entière. Guidé par cette première observation, par cette notion certaine que l'hystérie s'accompagne très-souvent d'hallucinations, et que, suivant la nature de l'hallucination, la crise revêt une forme par- ticulière, et que la cause qui a déterminé l'explosion de la maladie peut mettre sur la voie de l'hallucination qui domine dans le moment, j'ai, depuis cette époque, fait cesser plusieurs crises presqu'à l'ins- tant, en substituant une nouvelle série d'idées à celles qui provo- quaient les principaux désordres. Je pourrais, à ce sujet, raconter les scènes les plus merveilleuses ; mais la nature de ce travail ne com- porte pas de plus longs développements. Il me suffit d'avoir cherché à démontrer l'analogie qui existe entre le Somnambulisme et quelques maladies naturelles, pour démontrer que les phénomènes que l'on accepte dans un cas, comme naturels, peuvent parfaitement exister dans un cas analogue, provoqué d'une manière artificielle. Qui ne connaît les hallucinations du cauchemar et du rêve ? Rappel- lerai-je celles qui ont lieu dans l'épilepsie, avant que le malade perde connaissance? Elles ont presque toujours rapport à des objets ter-