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                                 DE l.A




SITUATION ÉCONOMIQUE,

                   DEPUIS LA RÉPUBLIQUE.




   Nous disions, il y a peu de jours, que la République n'avait été que
le coup de vent qui a fait tomber les feuilles mortes. Pour quiconque
a un peu de mémoire et de bon sens, il est facile de reconnaître que
le malaise économique qui nous ronge avait des causes antérieures
à la révolution de Février, et que cet événement n'a fait que découvrir
des plaies que l'on cachait sous les oripeaux du luxe et avec les abus
du crédit. Mais déjà le mal perçait à travers tous ces expédients ;
nous n'avons pas besoin de rappeler les scandaleuses faillites qui,
depuis dix ans, éclatent périodiquement non seulement dans les ré-
gions les plus hasardeuses du commerce, mais encore dans les lieux
où un renom antique de prudence et de probité avait offert jusque là
un asile sûr aux capitaux. Nous avons vu ces écroulements fréquents
et inattendus de fortunes réputées colossales, édifices construits avec
les épargnes de contrées entières, et dont la chute a été une ruine uni-
verselle. Nous avons vu ces mots de faillite et de banqueroute accolés
à des situations sociales pour lesquelles ils semblaient ne jamais de-
voir être faits. Et ceci n'est point arrivé deux ou trois fois par hasard,
comme des exceptions, comme des cas extraordinaires et monstrueux ;
c'est presque une chose commune, et la caisse du receveur des deniers
publics, ou du notaire administrateur de la fortune des familles, n'a
pas été plus à l'abri des chances que celle du banquier qui agiote, et
du spéculateur qui joue. Ce n'est pas d'aujourd'hui que la gêne,
lorsque ce n'est pas la ruine, est partout, gêne qui se déguise par
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