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me                   1)K LA SITUATION tfCONOMIO.UK,

 mille efforts;, empruntant les dehors de la prospérité, se gonflant pour
 simuler l'embompoint ; prospérité menteuse, qui a donné une fausse
 idée de la richesse publique en France. Mais comme on s'agitait de
 toutes parts pour réparer sa détresse, ou pour en dérober l'aspect,
 comme les affaires se multipliaient, comme on spéculait sur la terre et
 sur ses produits, et sur toutes les branches de la fortune publique et
 privée, les impôts rendaient, les rentes montaient, la Bourse, la seule
 industrie qui fût réellement prospère, se glorifiait, et le gouverne-
ment, venant apporter ses statistiques erronées, ses budgets crois-
sants et ses fonds haussants, prétendait y trouver des preuves des
progrès de la richesse nationale. On a vu combien cette richesse était,
au contraire, en décadence, lors de la crise des blés, en 1846. Une
seule insuffisance de récolte n'aurait certes pas produit des effets aussi
désastreux, si le capital social n'avait été déjà gravement altéré.
   Les causes de cette altération, antérieures à la révolulion de Fé-
vrier, et parmi lesquelles cette révolution n'a été qu'une dernière
crise, ont besoin d'être soigneusement observées ; car trop de per-
sonnes s'imaginent qu'il ne s'agit que de se replacer en arrière ; elles
ne s'aperçoivent pas que, rentrer dans les anciennes voies, non seule-
ment ce n'est pas remédier au mal accompli, mais que c'est, au con-
traire, se remettre sous le joug des causes qui ont produit ce mal, et
préparer de nouveaux désastres.
   Une considération, toute naturelle, toute légitime, s'attache à la
possession des richesses ; car les richesses ne s'acquièrent ni ne se
conservent point sans certaines qualités. Même héréditaires, elles té-
moignent de la transmission de ces qualités dans les familles, par le
sang ou par l'éducation, et, à ce prix, elles ont un double reflet. Sous
un autre rapport, elles sont la source directe de cette influence per-
sonnelle, qui consiste à pouvoir payer des services, et, suivant le lan-
gage populaire, à faire travailler. Cette influence, ce patronage, ce
rayonnement nécessaire de la richesse, l'esprit de la démocratie ne les
repousse pas ; au contraire, il condamne comme injuste et odieux le
bas sentiment de jalousie et d'envie qui veut soulever le pauvre
contre le riche, et qui est tout l'opposé du sentiment de l'égalité. Celui
qui a l'égalité dans le cœur ne se croit pas abaissé, parce qu'il y a, dans
la société, des gens plus riches que lui ; au contraire, celui qui se sent
humilié d'être pauvre serait gonflé de suffisance, s'il possédait les
avantages contre lesquels s'exhale son fiel. L'envie et l'orgueil sont
entés sur la même branche de l'àme.
   Mais il ne faut pas que la loi vienne encore exalter les avantages