Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                              i:iinONIQUE MUSICALE.                               023
quence-là. 11 hésite, refuse, puis enfin le donne par pitié.... L'oracle n'avait pas
menti; Nérilha reparaît dans toute la fraîcheur de sa jeunesse !
    Tel est le fond de celte fantastique bluelle, qu'anime encore l'intrigue subalterne
Je deux couples, l'un sentimental, l'autre assez drolatique. — Toute cette féerie,
 tous ces coups de baguette, ces changements de décors amusent l'esprit sans fatigue ;
 et, s'ils n'ajoutent rien, absolument rien à la réputation de MM. Scribe et de St-
Georges, c'est du moins.pour eux,un succès de plus,— qui fera nombre,qui, surtout,
fera compte. Sans doute, il est fâcheux, pour un académicien, de servir de support
an machiniste ; sans doute, le spirituel écrivain de la Camaraderie a dû gémir, en se
voyant mis sur la même ligne que l'auteur des Pilules du Diable, et distancé par lui.
Mais enfin, il est, Dieu merci ! bien assez solide encore, pour résister même à ce
succès-là.
    Que dire de la musique ? Quand Auber se tait, quand Adam sommeille, ce que
nous avons de mieux, en compositeurs nationaux, c'est encore Halévy. Avec lui, si
l'intérêt languit, si l'inspiration est le plus souvent absente, on peut être sur que,
tôt ou lard, il y aura un dédommagement. Tant d'autres vous assomenl d'un bout à
l'autre, sans compensation. — Puis, si l'on s'ennuie, il semble, du moins, qu'on
s'ennuie ici en bonne compagnie. Telle est l'abondance de ses expédients, la va-
riété de ses procédés de remplissage, que l'oreille, amusée aux bagatelles de la
porte, oublie parfois l'affligeante nudité de l'intérieur de l'édifice.
   L'ouverture, dès l'abord, offre une trop frappante justification de ces remarques.
Si quatre ou cinq gruppetti, dialogues de manière à former, par leur combinaison,
une quasi-dissonance piquante, suffisaient pour constituer une symphonie, nous
n'oserions hasarder celte critique. Mais, quand il faut assister ensuite au spectacle
d'une malencontreuse stretle, cherchant péniblement l'effet à travers d'intermi-
nables reprises, et le cherchant sans jamais le trouver, il nous est bien permis de
constater le fait; et, plus franc que le compositeur, de qualifier, sans ambages,
comme il le mérite, ce morceau dont la nullité n'a pas même pour excuse le défaut
de prétention.
   Mais bientôt vont arriver les dédommagements promis. Au premier acte, un joli
motif: Ecoutez-moi, la belle fille, d'abord chanté par le ténor, puis en duo avec lui
et le soprano, enfin répété seul par la basse, se module et s'approprie à merveille
aux différentes voix qui l'interprètent, et aux diverses situations qu'il doit rendre.
    p | u s loin, l'on a remarqué et applaudi une large et ravissante introduction de
clarinette, phrasée avec toute l'ampleur du vrai talent.
   Au second acte, noire Dufrêne (nous espérons bien lui pouvoir conserver l'épilhète
l'an prochain) a montré, dans la mélodie: Oui, chaque jour, je viens l'attendre, h
quel point il sait donner le juste degré d'expression et de mouvement à ces chants
passionnés qu'un artiste ordinaire ne manque jamais de défigurer, à force de les
vouloir accentuer. — Dufrène, digne successeur des ténors dont notre scène est
en possession de doter le théâtre Feydeau, forme le couronnement indispensable
de nette précieuse troupe d'opéra-comique que plus d'une ville nous envie, que
nous regretterons peut-être nous-mêmes avant peu.