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                     LYON APRÈS LE 9 THERMIDOR.                         601
 timents de cette foule qui s'empressait à regagner le sol natal, à y
  rechercher ses toits domestiques qu'elle ne retrouvait plus. La légis-
 lation révolutionnaire existait dans toute sa force ; seulement, les per-
  sonnes qui l'appliquaient n'étaient plus les mêmes. La Cité était tou-
 jours placée sous l'empire des décrets de juillet et d'octobre ; ce n'était
 plus Lyon, mais Commune-Affranchie. Les fugitifs revenus étaient,
  suivant leur position, ou dos émigrés frappés do mort civile, ou des
 rebelles sous le coup de la loi, ou des suspects. Leurs Mens étaient
 séquestrés. Pour en obtenir le relâche, ils devaient se présenter en
 personne, et solliciter, assistés de témoins, des certificats de non-ré-
 bellion ; alors, seulement, ils étaient admissibles à faire lever les sé-
 questres et scellés, à renvoyer les gardiens, on les payant, à se re-
 mettre en possession de leurs maisons, si elles n'étaient pas incendiées
 ou démolies, et de leurs meubles, effets et marchandises, dans l'état
 où ils étaient, c'est-à-dire, perdus, avariés ou spoliés.
    Les représentants thermidoriens confondaient dans un commun
 anathème les aristocrates, les royalistes, les fédéralistes et les com-
 plices de Robespierre. Sans doute, cette légalité de la Terreur qui
 survivait à la Terreur devait disparaître ; mais ce ne devait être
 qu'avec le temps et pièce à pièce. En attendant, les citoyens de retour
 étaient comme des étrangers, qui devaient se trouver heureux qu'on
 voulût bien les recevoir sans trop regarder à leur position, mais qui
 devaient respecter la consigne du gardiateur les repoussant loin du
 foyer abandonné : quelle ne devait pas être leur indignation !
    Le 17 fructidor, l'agent national Perret, parlant au nom de la Mu-
 nicipalité, exprimait aux représentants les regrets de la Commune de
 s'être vue le théâtre de deux affreuses conspirations : la première,
 celle des aristocrates, la seconde, celle des assassins anarchistes et
 désorganisateurs.
    Peu de jours après, le même officier vint [à la Municipalité, faire un
réquisitoire .- « Si les administrations régénérées, dit-il, doivent faire
la guerre aux brigands qui ont souillé la Révolution, il ne leur est
pas moins recommandé de faire une guerre implacable aux conspi-
rateurs qui ont voulu la détruire. » Il exposa ensuite les bruits qui
s'étaient répandus que des contre-révolutionnaires notoires osaient
reparaître dans la ville. Il déclara provoquer contre eux toute la sé-
vérité des lois. La Municipalité arrêta qu'elle chargeait expressément
son Comité de police d'apporter, à cet égard, la plus grande surveil-
lance. Huit fugitifs revenus dans la ville furent en effet arrêtés sous
la qualification de conspirateurs. L'agent national Perret dit, à l'oc-