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600 LYON APRÈS LE 9 THEUMIDOR. chois pour le"s fixer dans leur ville, étaient sans succès. Loin de lais- ser leur talent à l'étranger, qui ne les avait accueillis qu'afin de pro- fiter de leur industrie, ils craignirent que ce qu'ils en avaient montré ne tournât au préjudice de leur cité ; et ils poussèrent cette jalousie du patriotisme jusqu'à briser des métiers à soie qu'ils avaient montés à Constance. Le secret des belles teintures, que des fabricants suisses croyaient leur avoir dérobé, fut rapporté inviolable dans Lyon.... « Leur départ de l'étranger fit une grande sensation parmi les émigrés qui, désespérés de ne pouvoir les suivre, leur en témoignèrent de l'humeur et du mépris. Ces deux sentiments firent les frais d'une circulaire anonyme pour suspendre leur rentrée. On y disait que cette démarche était un acte de bassesse et de lâcheté, parce que la tyrannie n'ayant fait que changer de main depuis le 9 Thermidor, c'était aller ramper devant elle et se livrer à ses jureurs rajeunies, dans la vue d'un vil intérêt et d'un patriotisme erroné.... « J'osai moi-môme, sur ces entrefaites, revenir de Berne à Lyon.... « L'empressement de venir se jeter dans les bras de la patrie- mère, après tant de malheurs communs, fut, pour les Lyonnais fugi- tifs, une source de nouvelles douleurs. Ils la trouvèrent affreusement défigurée ; les destructions qu'elle avait éprouvées depuis leur sépara- tion cruelle, renouvelaient le souvenir affligeant des dévastations qui avaient précédé leur départ. Ce règne de sang et d'anarchie, connu sous le nom de Terrorisme, qui avait achevé le saccagement de leur ville, leur parut alors une suite nécessaire des premiers temps d'une révolution qu'ils avaient admirée. Elle ne sembla plus à la plupart qu'une boîte à Pandore, la source de tous nos maux. Si, par hasard, le Lyonnais retrouve, parmi tant de ruines, le toit qu'il habita, peut-il donc s'y mettre à couvert? Heureux si son domi- cile n'est pas devenu la proie des acquéreurs nationaux ! Il le voit du moins occupé par des Sans-Culottes , qui se croient devenus propriétaires de sa maison et de son mobilier. Sa famille en a été expulsée ; son père, son frère ont été immolés : un monstre a souillé sa couche nuptiale, et, pour comble de douleur, ceux qui commirent ces crimes viennent braver ses regards, s'enorgueillir de leur impu- nité, et comploter, en sa présence, de le sacrifier bientôt lui-même. L'indignation s'enflamme, la vengeance éclate : elle frappe une fois, et cet exemple malheureux devient le prétexte d'un horrible brigan- dage.... » Comme on le voit, il n'y a pas ici seulement des faits, mais encore des impressions. En effet, il est facile de se figurer la position, les sen-