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A L'USAGE DES PARTIS POLITIQUES. 595 lin France ; elle date seulement des premières années de la Restaura- tion. Elle fut mise en circulation par les partisans de l'ancien régime, lui reprenaient l'administration d'une nation régénérée, sans avoir rien appris et rien oublié. Ils y trouvaient la consolation de leur im- puissance, et la justification de leurs erreurs. 11 est si commode à celui "lui gouverne mal de rejeter la faute sur celui qui obéit; si i'acile à l'ouvrier malhabile de s'en prendre à son instrument ou à la matière f iu'il emploie. Il y a, d'ailleurs, des gens à qui leur orgueil persuadera toujours que tout le monde a tort, excepté eux ; qui tendront toujours v ers le passé des mains convulsives ; qui ne reconnaîtront de vitalité Que dans les institutions mortes. C'est une maladie de l'égoïsme de n'aimer, entre les jours, que ceux qui sont passés. A une autre époque, un pareil jugement sur notre caractère aurait été' d'une criante injustice. Nous avions mérité de nous entendre dire lue le peuple français était celui qui savait le mieux aimer ses rois. Il était royaliste par excellence. Il avait fait un art de sa servitude, il trouvait, pour plaire à ses maîtres, des raffinements ingénieux, et il portait la livrée avec coquetterie. Aussi, on lui rendait justice alors : Mazarin savait que la liberté de chanter était celle à qui il tenait le plus ; et Paul-Louis Courrier, après J.-J. Rousseau, répétait encore, Presque de nos jours -. Peuple non d'esclaves, mais peuple de valets. '1 est vrai que lord Walpole disait que les Français savaient faire des barricades contre le Pouvoir, mais ne savaient pas élever des bar- rières. M. Guizot reproduisait également la même idée, en 1820, lors- qu'il écrivait.- « En France, on sait se saisir de la tyrannie, mais on lésait pas revendiquer la liberté. » On aurait tort, pourtant, de con- clure de ces paroles, que nous faisons aux pouvoirs qui nous gouver- nent une position trop difficile, et que nous leur montrons des exi- gences impossibles à satisfaire. C'est le contraire qui est vrai. Si nous avions agi avec plus de défiance envers les hommes, si nous avions eu moins d'engouement pour le Pouvoir, si nous avions mar- chandé avec.plus d'avarice les droits que nous lui donnons sur nos Personnes et sur nos biens, nous n'aurions pas été obligés de dresser des barricades périodiques contre ses entreprises. Si nous ne l'avions Pas corrompu en nous abandonnant à lui, nous n'aurions pas été con- damnés à le punir par des révolutions ; si nous ne lui avions jamais Permis d'abuser, nous n'aurions jamais eu à en faire justice. En vé- rité, il nous a toujours semblé que ce sont les partisans systématiques, 'es fanatiques quand même du Pouvoir qui lui ont fait le plus de mal. "peut répéter,comme le Sage: .le me garderai contre mes ennemis