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M)2 SUR LE DlSCOUIiS DE Jl. DONOSO CORTÈS. moyen, c'est d'écraser les peuples sous le faix de ces armées perma- nentes qui entretiennent l'état de guerre en pleine paix, guerre, en effet, mais guerre contre les peuples. Et, qu'on ne parle plus d'amélio- rations, de bien-être général, de réformes administratives et écono- miques. Qu'importe la ruine, qu'importe la hanqueroute ? 11 s'agit bien de ces choses-là , quand on a à instituer le règne des prêtres ! Mais Dieu, comme l'a reconnu M. Donoso Cortès, semble être le complice du progrès de ces idées que l'on veut éteindre ; il favorise la révolution et se range du côté des peuples. Il aveugle les princes et les grands, se servant de la faiblesse des uns, de l'ambition des autres, des talents mémo de quelques-uns, pour précipiter à sa ruine le vieil ordre social. S'il y a un homme capable de le sauver, Dieu dissout pour lui un peu de poison dans les airs, et, ce qui arrive avec les princes, avec les hommes, avec les idées, arrive aussi avec les partis. Tout le discours de M. Donoso Cortès est empreint de celte fatalité qu'il déplore, mais qui l'entraîne. Nous, nous en concluons, dans le sens vraiment chrétien, que Dieu ne veut point perdre les hommes, mais les guider dans des voies nouvelles, et que les peuples marchent, sous l'esprit de Dieu, à des destinées plus belles et plus élevées. Nous nous associons à ce mouvement, moins les passions qui l'entravent ou le précipitent, et les crimes qui le souillent, comme un alliage dépen- dant de l'imperfection humaine. Nous supportons les crises et les se- cousses des transitions, avec confiance dans la Providence divine, qui sait bien où elle nous mène, et se sert de la liberté des hommes pour accomplir ses grands desseins ; car, la liberté des hommes est l'instru- ment de Dieu. M. Donoso Cortès ne veut pas croire que ce mouvement, que Dieu favorise, conduise l'humanité à une destinée meilleure. Il ne voit, au contraire, qu'un abîme où l'ordre social va s'engloutir. Eh bien ! pour être conséquent, il n'a qu'une conclusion à tirer, c'est d'accuser Dieu de tendances révolutionnaires et de démagogisme, et de le mettre au ban du parti religieux. Ceci est moins une plaisanterie qu'il ne paraît. On sait que les systèmes les plus opposés ont souvent, dans leurs sommets et dans leurs principes, des identités inaperçues, et, en fait, nous soutenons que la théocratie de M. Donoso Cortès est plus près de l'athéisme que notre libéralisme chrétien. MIR. LKOIS BorriiL , gérant.