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f)90          SUR LE DISCOURS DE M. DONOSO CORTKS.
est que toutes les forces sociales, concentrées et portées à leur plus
haut degré de puissance, ont suffi à peine et n'ont rien fait de plus
que de suffire à peine à contenir le monstre.... La vérité est que, mal-
gré ces victoires, qui n'ont de victoire que le nom, le sphinx effrayant
est devant vos yeux., et qu'il ne s'est trouvé jusqu'ici aucun Œdipe qui
sût déchiffrer l'énigme ; la vérité est que le redoutable problème est
debout, et que l'Europe ne sait ni ne peut le résoudre. » Et le pessi-
misme de l'orateur va jusqu'à rendre la Providence complice de ce qu'il
croit un mal. « Aujourd'hui, en Europe, dit-il, toutes les voies, même
les plus opposées, conduisent à la perdition. Les concessions perdent
les uns. la résistance perd les autres. Où la faiblesse doit causer la
mort, vous voyez des princes faibles ; où l'ambition doit amener la
ruine, vous voyez des princes ambitieux ; où le talent même doit me-
ner à l'abîme, Dieu place des princes pleins de talent.... où un seul
homme suffirait pour sauver la société, cet homme n'existe pas, ou
bien, s'il existe, Dieu diasout pour lui un peu de poison dans les
airs.... Regardez la tombe du maréchal Bugeaud et le trône de
Mazzini ! »
   M. Donoso Cortès ne s'abuse pas sur le secours que l'absolutisme
attend de l'Europe armée; car, demande-t-il, « savez-vous quel est
l'état de l'Europe? L'Europe tout entière est dans la seconde négation
et s'avance vers la troisième. > La Russie elle-même lui parait im-
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puissante. Elle avait jeté la Confédération germanique, enchaînée à la
Prusse et à l'Autriche, comme un pont contre la France. Mais, depuis
la révolution de Février, les choses ont changé de face. La Confédéra-
tion germanique n'existe plus ; l'Allemagne n'est plus qu'un chaos ;
c'est dire qu'à l'influence de la Russie, qui s'étendait jusqu'à Paris, a
succédé l'influence démagogique de Paris, qui s'étend jusqu'en Po-
logne. L'Autriche étant neutralisée , la Confédération germanique
n'existant plus,la Russie ne peut plus compter, aujourd'hui, que sur
ses propres forces. Et savez-vous, ajoute-t-il, de quelles forces la
Russie a disposé dans les guerres offensives? Jamais de plus de
300,000 hommes ; et ces 300,000 hommes auraient à lutter contre les
races allemandes, représentées par la Prusse, contre les races latines,
représentées par la France, contre la race anglo-saxonne, représentée
par l'Angleterre. L'orateur espagnol considère cependant l'hypothèse,
où, suivant lui, les races slaves réunies auraient bon marché de l'Eu-
rope ; ce serait celle où l'esprit révolutionnaire aurait dissous les ar-
mées permanentes, et où le Socialisme, détruisant la propriété, n'au-
rait plus laissé que des spoliateurs et des spoliés. Mais il ne croit pas