page suivante »
SUR' LE DISCOURS I»E M. DOSOSO CIÃRTÈS. 591 que ce fût encore là le terme des catastrophes. Les races slaves sont depuis longtemps en contact .avec la civilisation.... Eh bien ! s'écrie- t I avec désespoir, la Russie, placée au milieu de l'Europe conquise —l et prosternée à ses pieds, absorbera par toutes ses veines le poison qu'elle a bu et qui la tue.... une révolution est plus facile à Saint-Pé- tersbourg qu'à Londres ! L'orateur tourne ensuite ses regards vers la noble et puissante race anglo-saxonne. En elle, pourrait être, à son avis, le salut de l'Europe, si elle adoptait à l'extérieur une politique conservatrice et monarchique. Mais encore, ne verrait-il là qu'un pal- liatif. « Pour que le remède vînt se réunir au palliatif, il faudrait que l'Angleterre, déjà conservatrice et monarchique, se fit catholique. » Or, comme l'aristocratie anglaise est essentiellement enchaînée au protestantisme par sa Constitution, et que, cessant d'être protestante, elle ne serait plus aristocratie, il s'en suit que l'une des alternatives de l'orateur doit faire nécessairement défaut. Veut-on savoir la singulière conclusion de M. Donoso Cortès? Les gouvernements de l'Europe ne doivent nullement songer aux réformes économiques, et pourquoi cela ? C'est que nous sommes à une époque où l'on marche à la civilisation par les armes, et à la barbarie par les idées. Or, il n'y aurait qu'un moyen de faire de grandes réformes économiques, le licenciement total ou au moins partiel des armées permanentes. Ce licenciement pourrait garantir pour un temps les gouvernements de la banqueroute; mais il serait la banqueroute delà société entière.... les idées civilisatrices ne sont plus aujourd'hui dans la société civile; elles sont dans les temples et dans les camps.... que deviendraient le monde, la civilisation , l'Europe, s'il n'y avait ni prêtres, ni soldats ?... et, savc/.-vous ce que vous prétendez faire, dit M. Donoso Cortès aux représentants espagnols, quand vous voulez sauver la société avec vos économies, sans licencier l'armée ; vous prétendez éteindre l'incendie de la nation avec un verre d'eau! Voilà donc la pensée de, l'orateur clairement dévoilée! voilà pour- quoi sou discours est prôné, colporté, de Madrid à Paris ! voilà pour- quoi cette Å“uvre oratoire, en style redondant, et qu'on alfecte d'élever à la hauteur de M. de Maistre, est devenue un manifeste pour tout le parti soi-disant religieux! C'est, qu'elle contient.la conclusion : l'idée chassée de la société civile et traquée de toutes parts comme corrup- trice; les peuples, dépouillés de leur vie intellectuelle et morale, livrés, comme un vil troupeau, sans conscience d'eux-mêmes et sans liberté, entre les mains d'un clergé qui imprime le mouvement, et de. soldats qui l'exécutent, des inquisiteurs et des sbires!... Voilà le but ; le