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                        SENS ET MORALITÉ

DES ÉLECTIONS DU 10 MARS.


    Les élections du 10 mars nous ont montré la France partagée
 presque également entre deux grandes opinions opposées ; car, s\
 '[uelques départements seulement ont eu à se prononcer, la situation
 fie ces points, sur les parties les plus diverses du territoire, peut faire
 •idmettre que, dans le cas où la France entière eût été consultée, elle
 s
   e fût à peu près divisée de la même manière.
    Pourtant, la balance n'est pas complètement en équilibre ; elle in-
 cline même de beaucoup à gauche. Les démocrates ont le plus grand
 nombre d'élus ; ils l'ont emporté dans les grands centres politiques,
notamment à Paris. Ils ont eu la majorité des votes de l'armée,
quoique le mode des élections militaires soit si défavorable à une ex -
pression indépendante des suffrages. Dans les départements où ils ont
succombé, ce n'est que devant des majorités de quelques voix, comme
 dans l'Allier, ou de quelques centaines de voix, comme dans la Loire.
 N est à noter, enfin, que, dans ces départements, les élections des villes
et des gros bourgs ont été en général démocratiques, et que la balance
n'a penché du côté opposé qu'au moyen de la loi qui, divisant et par-
Tuant les électeurs des campagnes en petits groupes, les livre aux in-
fluences locales. Le fait a montré que le but de cette loi n'était pas
véritablement de faciliter l'exercice du droit électoral ; car les absten-
tions n'ont pas été moins nombreuses que sous le régime du vote au
 chef-lieu de canton. Si ces abstentions ont été volontaires et raison-
nées, et elles ne peuvent pas s'interpréter autrement depuis qu'il n'y
•i plus le prétexte de l'éloignement du scrutin, elles prouvent qu'un
grand nombre de citoyens ont voulu protester ainsi contre la tyrannie
des listes imposées par les partis extrêmes.
    Le résultat des élections est une expérience nouvelle, à l'appui de
cette vérité trop souvent oubliée par les partis passionnés et par les
gouvernements égarés, que la compression est impuissante contre les
opinions, et que, si elle agit sur elles, ce n'est qu'en les passionnant
et en les aigrissant. Qui peut nier, maintenant, que l'état de siège, les
pouvoirs extraordinaires, soit civils,soit militaires, les destitutions et les
Procès n'ont qu'un effet : faire des élections rouges?
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