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540 MÉTAPHYSIQUE DE L'.\UT. vine. L'essence, la forme et la vie de l'Etre absolu deviendront ce qu'il appelle l'intellect, l'imagination et le cœur. M. Blanc St-Bonnet avait défini d'une manière bien plus profonde les trois éléments de la na- ture humaine, sous les noms de Causalité, de Rationalité et de Cœur. L'analogie ternaire que M. Mollière trouve dans l'homme, il l'adaptera à tout, et, il faut le dire, quelquefois avec plus d'habileté dans l'es- prit, que de rigueur dans les appréciations. M. Mollière fait souvent de la philosophie avec du sentiment ; mais, malheureusement, ce senti- ment poétique et enthousiaste n'est point toujours appliqué au côté des choses qu'il est donné à sa lumière d'illuminer. Si les élans du cœur guident souvent plus sûrement que les recherches laborieuses de l'esprit, ils ne doivent pas avoir du moins la prétention de satisfaire aux exigences d'une raison mathématique. Il résulte de cette ten- dance que le bon sens, le sens pratique, si ordinaire pourtant à l'es- prit français, ne sert pas toujours à faire éviter à M. Mollière les in- convénients de sa méthode. Ainsi , ce qu'il a dit de l'homme moral, il le dira de l'homme physique, et nous le verrons chercher la distinction ternaire dans l'unité, la loi de l'incarnation humaine dans la tête, le corps et les membres de l'homme animal. C'est là , nous dira-t-il sérieusement, ce qui rend l'homme matériel ternairement et distinctement corrélatif à l'homme idéal. A la tète correspondra l'es- sence, au corps la forme, aux membres la vie ; et, c'est en faisant ces belles suppositions, qu'on croira avoir trouvé une solution aux grands problèmes qui intéressent l'humanité ! Poursuivant à l'infini cette analogie, M. Mollière démontre, avec beaucoup de raison du reste, que l'homme ne possède en réalité que trois sens, car la matière ne l'affecte que de trois manières, en tant que visible, en tant qu'auditible et en tant que tangible. Puis, pas- sant à la famille, M. Mollière, à l'exemple de M. Blanc St-Bonnet,' voit la même distinction ternaire clans les trois êtres qui la composent, l'homme, la. femme et l'enfant. Dans la société, M. Mollière nous pré- sentera l'essence, la forme et la vie, sous les traits fort arbitraires et assez peu ressemblants du Pouvoir, de la Liberté et de l'Administra- tion. Les fonctions sociales des prêtres, des savants et des artistes seront pour lui de nouvelles preuves de la vérité du principe de la Trinité, qu'il croit reproduit jusque dans la division des vertus théolo- gales, et dans la distinction puérile qu'il veut établir dans l'état social, entre les chefs, les ouvriers et les soldats. Du reste, M. Mollière, nous devons le reconnaître, suit avec une grande inflexibilité la logique apparente de son système, et souvent il