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                        MÉTAPHYSIQUE DE l / A U T .                    M I
  sait en lirer des aperçus saisissants. 11 est inutile de dire que toute sa
  théorie artistique repose sur la reproduction, dans l'Art, des éléments
  de la Trinité divine. Complétant la phrase célèbre de Platon, il définit
 l'Art, la recherche du Vrai, splendeur du Beau, pour conduire l'homme
 au Bien. Cette définition, on le voit, n'exprime absolument que le côté
 abstrait de l'Art. Elle ne dit rien ni de son caractère relatif, ni de ses
 procédés cominunicatifs; rien, enfin, de la valeur du mot Beau, dont
 l'histoire nous apprend que la nature relative a constamment varié,
 suivant les civilisations. Car, renonciation du mot Beau n'en donne
 nullement la valeur. Nous n'en connaissons point le type séparé des
 œuvres qui le manifestent.
    Le reste de l'ouvrage n'est plus qu'une démonstration assez élo-
 quente de cette définition, sous les trois divisions auxquelles M. Mol-
 lière, dans sa terminologie un peu barbare, donne les noms d'Essen-
 tialisme, de Formalisme et de Vitalisme artistiques.
    D'après M. Mollière, l'Essentialisme artistique est l'objet de l'Art
 dans son essence formelle et vitale ; le Formalisme en est les moyens
 dans leur forme vitale et essentielle, et le Vitalisme est le but final et
 la pratique de l'Art dans sa vie essentielle et formelle. Ces divisions,
 dont renonciation est difficilement intelligible à une oreille peu exer-
cée, sont, comme M. Mollière nous en prévient, de pures abstractions
nécessaires à l'ordre de classification ; car, dans la pratique, rien ne
distingue l'Essentialisme du Formalisme, etc.
    Le livre de l'Essentialisme est une étude de l'objet de l'Art, c'est-à-
dire du Beau. Celui du Formalisme renferme la classification et la
description des divers moyens artistiques. Le but de l'Art, la classifi-
cation des genres, le travail et le ministère artistiques sont l'objet de
la troisième partie, qui est de beaucoup la plus raisonnable et la mieux
conçue, parce que c'est celle qui offre le plus d'utilité pratique et le
moins de prise aux errements de l'abstraction.
    Ce que nous avons cité et résumé du livre de M. Mollière suffit par-
faitement à donner une idée exacte de son point de vue et de son
cachet spécial. Le reste des appréciations porte le même caractère :
ingénieuses souvent, vraies parfois, mais plus fréquemment arbi-
traires. Les chapitres du Type et du Réel, du Beau, de la Décence et
de l'Indécence offrent d'excellents sujets de réflexions, et des considé-
rations entraînantes. Ceux sur les moyens artistiques et la coordination
des éléments des arts sont également remarquables, à part quelques
puérilités d'idées et de langage, telles que, par exemple, tout ce qui
concerne la parole, le son, l'accentuation. M. Mollière croit retrouver