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MÉTAPHYSIQUE DE L'ART. 5.59 rations, de points d'exclamation, de transports lyriques, lesquels ont toujours besoin, pour produire une émotion réelle dans l'à me du lec- teur, d'une simplicité, d'une vérité, d'une naïveté pour ainsi dire de sentiment, que bien peu d'écrivains ont su posséder. Dans les choses de cet ordre, il n'y a pas de milieu, ou elles arrachent les larmes, ou elles provoquent le sourire. La conclusion de ces prolégomènes est, en définitive, celle-ci : c'est que l'être fini n'étant qu'une fidèle image de l'être infini, pour déter- miner l'homme, ses actes et son but, il faudra étudier le Dieu de la Genèse et de l'Evangile, ses actes et son but, et réduire ces trois termes infinis aux proportions de l'être fini. Nous voici arrivés au point où nous pouvons saisir dans son en- semble la théorie de M. Mollière. M. Mollière, avec les philosophes mo- dernes, M. Lamennais, M. Blanc St-Bonnet, etc., développe la notion catholique de la Trinité. Il est vrai qu'il n'appartient pas plus à M. Mol- lière qu'à ces grands écrivains d'agrandir la connaissance humaine, à cet égard, au-delà de ce que renferme le catéchisme. M. Mollière peut reproduire les affirmations de la tradition : peut-il les éclaircir ? nous en doutons. Ce que l'Eglise nous enseigne des attributs de Dieu, at- tributs dont nous n'avons pas la notion absolue et que nous ne pou- vons connaître qu'en tant qu'ils sont manifestés, M. Mollière l'applique aux personnes divines, et de ces attributs constitue les personnes elles- mêmes, c'est-à -dire il attache des dénominations qui ne peuvent avoir pour nous qu'une valeur relative à des personnes absolues par es- sence. Cela suffit pour faire comprendre combien, quelque brillantes que soient les hypothèses de M. Mollière, avec quelque habileté qu'il les développe, les conclusions qui en ressortent sont Incertaines et peu rigoureuses. La théodicée de M. Mollière est résumée par lui-même en ces trois formules : PÈRE : la VÉRITÉ est l'ÈTRE qui le constitue ; ESSENCE de Dieu : c'est le CRÉATEUR. FILS : la BEAUTÉ est la FORME qui le termine ; MANIFESTATION de Dieu: c'est le RÉVÉLATEUR. SAINT-ESPRIT : l'AMOUR est la VIE qui Yanime ; FÉCONDITÉ de Dieu: c'estTOPÉRATEUR. Sous cette terminologie un peu obscure au premier abord, nos lec- teurs peuvent deviner toute la série des idées métaphysiques de notre auteur, série parcourue déjà par les philosophes cités plus haut. M. Mollière retrouvera dans l'homme un reflet fidèle de la Trinité di-