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538 MÉTAPHYSIQUE DE L'ART. d'avoir choisi, comme la plus sûre, et, au fond, la plus lumineuse as- surément'de toutes les solutions relatives aux questions qui touchent à Dieu et à l'homme, la solution traditionaliste, ou, pour parler plus simplement, la solution catholique. Nous voulons seulement faire comprendre qu'il n'était pas la peine de reprocher à Descartes le cercle vicieux de sa démonstration, pour y tomber l'instant d'après. Il eût mieux valu avoir le courage d'accepter la conséquence de l'argu- ment, et dire que, pour ces questions comme pour toutes celles de même nature, l'homme erre fatalement dans un cercle dont il tente vainement de sortir ; que , pour toutes ces questions, l'intelligence humaine est forcée de se satisfaire des solutions fournies par l'ensei- gnement moral et dogmatique extérieur, et enfin que, dans tous les problêmes purement spéculatifs, y compris ceux relatifs à la métaphy- sique de l'Art, il est rarement donné à l'homme d'aller au-delà de l'hypothèse. H eût mieux valu reconnaître que notre vie à nous, pau- vres êtres, n'est, pour ainsi dire, qu'un préjugé éternel ; — car, qu'est- ce qu'un préjugé , qu'une notion acceptée sans preuve ration- nelle ? — Préjugé de la conscience, préjugé du cœur, préjugé de la famille, préjugé de la société, et préjugés, il faut bien le dire, plus vrais , plus consolants que les démonstrations de la logique. Dieu a voulu qu'il en fût ainsi. Notie certitude, pour n'être pas com- préhensible à notre puissance intellectuelle, n'en est pas moins com- plète. En envoyant l'enfant sur la terre avec un corps faible et nu, Dieu lui adonné une-famille pour suppléera des besoins que l'enfant serait impuissant à satisfaire, en ne douant l'homme que d'une raison infirme, il lui a donné un enseignement pour suppléer à une science que la raison est impuissante à créer. Ces vérités, il faut bien que M. Mollière les ait senties, puisqu'il af- firme, dès le commencement de son livre, l'incapacité de l'instrument rationnel, en ce qui touche Dieu et l'homme. Comment donc tirer en- suite avec certitude la notion absolue de l'Art de la notion de Dieu ? — Comment ne pas hésiter, en face d'une théorie essentielle de l'Art, c'est-à -dire d'une théorie qui embrasse l'activité divine en même temps que l'activité humaine ? Le reste de la synthèse générale dont l'auteur a cru devoir faire précéder la théorie de l'Art importe trop peu aux questions qui sont l'objet de son travail, pour que nous nous y arrêtions. Ce sont des considérations philosophiques sur le caractère surnaturel et divin de l'enseignement traditionnel. Ces considérations sont justes en gémirai, et écrites sous une forme facile, quoique trop souvent mêlée d'aspi-