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                        MÉTAPHYSIQUE DE L ' A H à .                      537
 gique. Il est évident que, de même que l'Art ne peut être apprécié qu'au
 moyen d'une connaissance préalable de l'être dont il est le produit, de
 même l'homme, être relatif, fini, c'est-à-dire effet d'une cause anté-
 rieure à lui, ne peut être apprécié que par la connaissance de l'activité
 dont il est à son tour le fruit, c'est-à-dire de l'activité divine. Donc, la
 préface d'une étude sérieuse de l'Art ne se composera de rien moins
 que d'une bonne ontologie et d'une bonne psychologie.
    Au lieu de suivre cette route, M. Mollière, après avoir posé en
termes assez pompeux, trop pompeux, la question de l'homme, se
borne beaucoup moins pompeusement à consulter les solutions four-
nies, sur cette question, par trois hommes qui lui semblent l'avoir ré-
sumée dans ses trois termes les plus radicaux.
    Ces trois hommes sont Pyrrhon, Descartes et Pascal.
   M. Mollière écarte le premier, comme ne pouvant offrir aucune so-
lution, puisque sa doctrine tout entière repose sur le doute, c'est-à-
dire sur la négation de toute affirmation.
   Après quelques pages de considérations philosophiques qui ont le
tort d'effleurer, en quelques lignes, les questions les plus vastes, les
plus générales que puisse poser l'esprit humain, M. Mollière repousse
également la solution cartésienne, en s'appuyant sur cet argument ir-
réfutable que cette démonstration n'est, au fond, qu'un cercle vicieux
éternel de l'homme à Dieu, de Dieu à l'homme, se rendant raison l'un
de l'autre, avant d'être prouvés l'un à l'autre ; car, comme le dit très-
bien M. Mollière, toute démonstration dont le même être est à la fois
le sujet et l'objet, ne peut être, au point de vue de la logique pure,
qu'un jeu subtil de l'esprit, puisqu'elle est inévitablement précédée de
la présupposition indémontrable de l'existence et du fonctionnement
de l'être-en question.
   Après avoir ainsi écarté du débat Pyrrhon et Descartes, M. Mollière
consulte Pascal, et, à. son exemple, accepte toute faite la solution pré-
sentée par la tradition. M. Mollière ne fait pas attention que, si la so-
lution cartésienne présuppose l'infaillibilité de l'instrument avec
lequel l'homme raisonne, la solution de Pascal implique, dès l'abord,
une multitude d'autres suppositions, telles que l'existence et la con-
naissance de Dieu, de l'humanité, de la révélation, la certitude et la
perpétuité historiques de la tradition, etc. ; plus, la même supposition
que tout-à-l'heure, celle de l'infaillibilité rationnelle, car c'est, en dé-
finitive, sur une opération de la raison, que repose l'adhésion à l'en-
seignement de la tradition.
    Ce n'est pas que nous prétendions nullement blâmer M. Mollière