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MÉTAPHYSIQUE DE L'ART, l'Ait ANÃ. MOLI.IÈKK. < N VOL. IN-S° (l84y). On éprouve, il faut l'avouer, un singulier embarras à analyser l'im- pression produite par le livre de M. Mollière. Après avoir suivi avec peine le laborieux enchaînement des raisonnements présentés par l'auteur, l'on se demande si, en vérité, l'on ne sort point d'un rêve, et '1 semble que, transporté pour quelque temps en dehors de la réalité sociale, on ait peine à se remettre au niveau du courant d'habitudes et d'idées qui constitue le milieu où nous sommes forcés de vivre. Le livre de M. Mollière nous place, en effet, dans la sphère de la pure abstraction métaphysique. Le fil logique s'y déroule librement et sans s'embrouiller dans les notions relatives auxquelles notre esprit est forcé de rapetisser les vérités absolues. Il en résulte, comme l'au- teur en prévient lui-même, qu'on est forcé d'accepter ou de repousser sa théorie tout d'une pièce, tellement la pensée génératrice en lie et en pénètre les parties les plus intimes. On comprend qu'à ce point de vue, on ose difficilement porter un jugement absolu sur un travail de cette nature. Le terrain où l'auteur s'est placé exige une grande hardiesse pour l'aborder. Comment ap- précier avec assurance un ouvrage dont la pensée fondamentale est l'examen de l'essence intime des choses, lorsqu'on songe qu'il n'est donné à l'intelligence humaine que de percevoir des rapports, et qu'elle le saurait, posséder des vérités éternelles autre chose que de simples notions relatives? Je m'explique. L'homme peut connaître les rap- ports des vérités entre elles. Il ne peut posséder de ces vérités une connaissance absolue, intégrale, telle que, par exemple, la connais- sance d'un être, indépendamment de ses rapports avec d'autres. Ces paroles pourront choquer quelques esprits au premier abord, '-oin de nous la pensée de blâmer les recherches métaphysiques, les