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,r)32 1)KS ÉI-ECTIONS DU 10 MARS. était clone d'obtenir le plus possible de suffrages républicains, n'im- porte qu'ils fussent groupés sur deux listes ou sur une seule ; et, dans la poursuite du but, rien n'empêchait les partis républicains de mar- cher chacun sous son enseigne et de rallier ses propres forces. 11 nous semble que c'était même le moyen le plus certain de succès. En effet, dans ces transactions des meneurs des partis, on oublie trop la liberté des consciences individuelles. Au moment où nous écrivons, nous ne savons pas si la liste Flotte, Vidal etCarnot réussira ; mais ce que nous affirmons, c'est qu'il y a des milliers de voix qui fussent allées à une liste Billaut, Sénard et Goudchaux,qui n'iront pas à celle qui est éma- née des clubs socialistes, et qui s'abstiendront, peut-être même se re- jetteront sur la liste monarchique. Nous n'examinons pas si les élec- teurs qui agiront ainsi feront bien ou mal ; nous ne regardons que le fait, et personne assurément n'en doute. La liste démocratique unique passera néanmoins, nous l'espérons ; mais les deux listes démocra- tiques eussent eu ensemble une bien plus grande majorité, et, par conséquent, un bien plus grand succès moral. Quoi donc ! dans un moment où la question est de savoir si Paris est disposé à souffrir un escamotage ou un renversement violent de la République, il serait in- différent que vingt mille voix de plus ou de moins se rangeassent hau- tement sous son drapeau ! Au reste, nous voyons, parmi nos adversaires, ce que nous repro- chons à nos amis ; mais eux, ils ont l'excuse de la nécessité. Les trois partis monarchiques sont chacun en minorité si notoire contre la Ré- publique, qu'ils sont contraints de s'unir tous les trois contre elle, sauf, après en avoir eu raison, à se disputer les fruits de la victoire. Et pour- tant, leur alliance déjà craque de tous côtés : au parlement, dans la presse, dans les comices électoraux. Un journal déclare que, pour la dernière fois, il appuyera le mode préparatoire organisé par l'Union électorale; la presse bonapartiste prend sur la liste trois noms, et ex- clut les autres ; la presse légitimiste a ses trois candidats de son côté. Le Journal des Débats refuse ou fait marchander une adhésion ex- presse. Probablement, on se ralliera encore à l'Union électorale, au dernier moment et à défaut d'autre chose. Mais il est évident que c'est la fin de celte coalition hétérogène, qui n'a pour lien que des principes négatifs. Eh bien ! nous croyons que la bonne morale politique doit faire désirer que tout parti se montre au grand jour, avec ses idées, ses principes et son but, en toute sincérité et sans hypocrisie. Sous le règne de la Liberté, il faut que chaque chose puisse être appréciée et