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 530                    DES ÉLECTIONS DU 10 MARS.
    existe ( elle nous est contraire, et elle est assez forte pour que les
   trente nouveaux élus ne puissent pas même la modifier. Mais ces élec-
   tions, dans lesquelles la capitale et les parties les plus diverses du ter-
   ritoire'vont avoir à se prononcer, seront une révélation de l'esprit de
   la France. 11 s'agit de donner un avertissement salutaire aux ambi-
   tions insensées qui s'imaginent que la nation est prête à abdiquer sa
  liberté à leur profit ; il s'agit de prévenir de folles tentatives qui ap-
  pelleraient des excès contraires ; il s'agit, en un mot, de prouver que
  la France n'a pas cessé d'être républicaine. Or, à ces projets qu'on ne
  daigne plus déguiser, il faut opposer leur impossibilité ; il faut lever
  le drapeau républicain dans les luttes pacifiques des comices, afin de
  n'être pas obligé, plus tard, de le lever dans les luttes terribles et
  désordonnées de la guerre civile. Ne craignons donc pas de nous
  rallier à tout ce qui porte ce symbole. Plus les noms seront significa-
  tifs, plus la leçon sera forte et salutaire. Mais ce sont des socialistes,
  des rouges! Eh! mou Dieu, nos adversaires politiques, en prodiguant
  ces noms de réprobation à tout ce qui ne veut pas être contre-révolu-
 tionnaire, et en nous confondant dans un commun anathème, nous ont
 appris à ne pas nous diviser. A leurs yeux, qui n'est pas socialiste, qui
 n'est pas rouge, à commencer de M. Dufaùreet de M. Cavaignac? Les
 noms sortent purifiés de la persécution. Les blancs ont amnistié celui
 de rouge ; les immobilistes celui de socialiste. Puisque, clans leur lan-
 gage, est socialiste quiconque veut appliquer les puissances de la dé-
 mocratie à la réforme des abus et à l'atténuation des souffrances po-
 pulaires, eh bien ! acceptons tous cette épithète de socialistes, comme
jadis nous avons accepté les noms non moins proscrits de patriotes,
 de libéraux, de républicains ; plus tard, la libre discussion, le bon
 sens public et l'expérience feront le discernement entre le possible et
 l'impraticable, entre les.bons et les mauvais systèmes.
     Ces raisons sont puissantes. En politique, on ne fait rien que par
l'union ; toutes les coteries, toutes les subdivisions sont stériles. Et
puis, il faut bien en convenir, les élections nouvelles ont à opérer sur
un fond si blanc, que vraiment le barioler d'un peu de rouge le laissera
encore bien terne.'
     Malgré cela, nous ne croyons pas que la marche adoptée par le parti
pur républicain soit la bonne ; non, Dieu nous en garde, que nous
soyons pour les exclusions. Place à tous, même aux hommes à sys-
tèmes, pourvu qu'ils reconnaissent que les systèmes n'ont à lutter que
sur le terrain de3 idées, et n'ont à réclamer que la liberté. Place môme
aux hommes de Juin, pourvu qu'ils désavouent les voies de violence