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DES
ÉLECTIONS DU 10 MARS.
Lyon, 5 mars i85t>.
Au moment où nous écrivons ces réflexions, la lutte électorale se
prépare avec ardeur dans dix départements ; et, quand elles paraîtront
au jour, cette lutte sera consommée, mais le résultat n'en sera pas
complètement connu. Toutefois, il y a, dès à présent, des faits acquis
qui nous semblent dignes de remarque, quels que soient ceux qui sui-
vront, par voie de conséquence. Deux opinions extrêmes, comme au
13 mai 1849, se sont précipitées dans la lice électorale, et en ont à peu
près banni les opinions intermédiaires. D'un côté, est la coalition des
trois partis monarchiques ; de l'autre, est le camp socialiste ; entre eux,
point de place pour les républicains purs. Cependant, si la raison et
la saine expérience avaient été écoutées, c'est parmi ces derniers que
les amis de l'Ordre auraient choisi leurs candidats ; et c'est encore eux
qu'une vraie politique indiquait aux démocrates les plus extrêmes.
Quand les partis seront las de combattre et qu'ils sentiront le besoin
de se concilier, le terrain de la République constitutionnelle et mo-
dérée sera le seul sur lequel le pacte de paix pourra s'asseoir et s'éta-
blir. Malheureusement, nous n'en sommes pas à ce point désirable
auquel on finit toujours par arriver, puisqu'il est dans la destinée des
partis de se combattre, et non de s'annuler réciproquement; mais
on n'atteint le port qu'après bien des épreuves. Résignons-nous donc
à supporter les passions, en attendant qu'elles s'amortissent par leurs
propres excès.
Exclus des deux côtés, sauf une place insuffisante qui leur a été
faite, à titre de démocrates, dans le camp socialiste, les hommes poli-
tiques de la République pure semblent s'être rangés du côté où, du
moins, le drapeau républicain était arboré. Exposons leurs motifs ;
nous les apprécierons ensuite. Les élections du 10 mars, disent-ils,
ont une grande importance, mais sous un seul rapport. Il ne s'agit
Plus, comme au 13 mai, de constituer une majorité. Cette majorité
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