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52S CHRONIQUE MUSICALE. par ce manège, les quatuors deviennent trios, les chœurs éclopés languissent o" ehancèknt. Mais, hà tons-noiis de le dire, ce calcul semble être une convention ta- cite sur laquelle elle ne se permet pas d'empiéter, car ce n'est jamais qu'à partir des quatuors qu'elle établit sa réduction ; et cela est si vrai que, dans le beau qiia'tùor sans accompagnement de Charles VI, l'orchestre manquant, elle s'est crue tenue de rétablir l'équilibre, et a généreusement payé de sa personne. 3° Économie, de contrebande. J e l'appelle franchement par son nom. Il est beau, '' est glorieux autant qu'utile de jouer seize fois en trente jours ; de ne connaître ni '"" dispositions, ni relâches, mais c'est à la condition qu'on chantera tout son rôle, j'en- tends qu'on le chantera tout entier avec tous ses moyens. Car si vous êtes..; Arga, j e suppose, dans la première moitié et Alboni seulement dans la seconde, le public» ( et le public lyonnais s u r t o u t ) , n'acceptera jamais cet arrangement de bonne grâce. — ïtubihi, lui aussi, se réservait souvent pour un ou deux airs favoris. Mais, chez lui, c'était prédilection, non parcimonie : il le prouvait à l'instant, ce brave et digue ami, en répétant chaque fois, à la première réquisition, ses plus longues cavatines, le sourire sur les lèvres, ne boudant jamais que si l'on avait oublié de crier bit. — Ne seriez-vous de cette école que par son mauvais côté, diva Alboni ? Est-ce par ca- ractère, ou par ordre que vous restez constamment sourde aux supplications de ci" genre? "Vous avez, il est vrai, daigné répéter la seconde strophe du Brinditi. Per- sonne ne l'oubliera, j e vous j u r e , grâce à la remarque mémorable du SALUT PUBLIC : « Ce morceau est constamment bissé après une première audition ! » Mais pourquoi le fait tomme la phrase qui l'annonçait, sont-ils restés à l'état de phénomène excep- tionnel ? Pourquoi n'avez-vous plus ensuite voulu bisser aucun morceau qu'avant tu seconde audition ! Economie de souffle. Quelqu'euroi que les cris m'inspirent, quelques grâces qu'on doive à l'Alboni pour avoir répudié le style braillard de nos fortes chanteuses, encore faut-il à cette réforme une limite. Et j'avoue franchement qu'elle semble par- fois la dépasser un peu. L'élan de la passion doit toujours rester musical, je l'accorde; niais que du moins il ne s'endorme pas absolument dans la correcte mollesse d'une note lilée selon les paisibles lois du Conservatoire ! Notre grande cantatrice n'a pas toujours échappé à ce défaut. J e le lui signale d'autant plus, qu'elle a en elle — ' n fougue de son chant dans Charles VI l'a prouvé — de quoi le rectifier, bien plus, de totirher même à l'excès contraire ! DD. LÉON BOITKL , g é r a n t .