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                        CHRONIQUE POLITIQUE.                         à23
ne dédaignait pas de passer en revue, allèrent trouver le général Gé-
meau pour se plaindre de ses paroles. Celui-ci se montra très-con-
ciliant; il cria à plusieurs reprises : Vive la République, et promit de
rectifier son ordre du jour. En effet, le 29 avril une proclamation fut
affichée; elle était conçue en ces termes .-
         « Citoyens,
   « Mon ordre du jour semble avoir été mal interprété ; n'ayant en
vue que l'union de tous les citoyens, je n'ai pu séparer le peuple de
la garde nationale, parce que la garde nationale c'est le peuple tout
entier. Je n'ai voulu, non plus, incriminer aucun ordre d'idées ;je sais
trop que la République n'est possible qu'avec la liberté pleine et en-
tière de penser. La République est le seul gouvernement qui puisse
donner satisfaction à tous ; tous lui doivent leur concours. Le mien
lui est assuré.
                                             «Vive la République !
                                              « A.   GÉMEAU.
   Si le général publiait aujourd'hui une pareille proclamation , il se-
rait porté en triomphe par le peuple, sauf à être destitué le lende-
main par le gouvernement ; mais, à cette époque , MM. les Voraces,
qui n'étaient pas d'humeur accommodante, ne se tinrent pas pour sa-
tisfaits. Ils exigèrent une nouvelle rectification, et comme cette répa-
ration leur était bien due sans doute , et que leur inviolabilité était
certaine, le général ne fit pas attendre une troisième proclamation.
Nous n'avons pu nous la procurer, mais elle existe. Toute notre ville
a pu la lire à chaque coin de rue.
   Certes , ces trois proclamations successives ne sont pas un des épi-
sodes les moins instructifs de la révolution de Février à Lyon. Notre
intention n'est pas d'en tirer parti contre le général et d'épiloguer sur
ces condescendances de 1848, nous ne voulons qu'extraire de ces
proclamations la phrase que nous avons cité plus haut : Je sais trop
que la République n'est possible qu'avec la liberté pleine et entière
de penser. C'est la liberté illimitée, comme l'entendent MM. Proudhon
et Girardin, que le général nous promettait alors. Mon Dieu ! nous
n'en demandons pas tant aujourd'hui, que le général nous rende seu-
lement la liberté telle qu'elle a été réglée par la Constitution, rien de
plus, rien de moins. Il s'arrangera ensuite comme il pourra, avec le
Courrier et la Gazette de Lyon, sur la liberté illimitée qui lui est
chère ; c'est une thèse brûlante qu'il soutiendra mieux que nous.
   Nous ne saurions terminer notre chronique sans emprunter à la
Gazette de Lyon, la note suivante :