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522                      CHRONIQUE POLITIQUE.

qui les a/répétés, grossis de mille manières, si ce n'est la presse de
l'ordre? qui a tenu depuis un mois boutique de prophéties noires, de
prédictions lugubres ? qui les a démentis si ce n'est celle de l'opposi-
tion? Est-ce que le général lui-même n'a pas été dupe de ces bruits?
les promenades militaires, les travaux de fortification opérés à la bar-
rière Saint-Clair révélaient assez ses préoccupations.
    Pourtant, est-il donc besoin d'être profond philosophe pour savoir
qu'un peuple n'entre pîis en révolution à jour fixe, sur un mot d'ordre
on ne sait d'où venu. Non, les citoyens peuvent être sourdement frois-
sés du système de gouvernement qui les régit, mais ils ne descendront
sur la place publique, n'engageront la lutte que sur un fait actuel,
déterminé, précis, comme les ordonnances de Charles X ou l'interdiction
des banquets. Un homme peut avoir des griefs contre un autre homme
et souhaiter de se mesurer avec lui, mais le rendez-vous n'est pris et
le duel n'a lieu qu'à propos d'une insulte ou d'un affront actuel ; il en
est de même pour les nations et les gouvernements. Ajoutons qu'au-
jourd'hui les insurrections doivent disparaître dans la vie des peuples
vivant sous le régime républicain ; car il y a dans la vie de ces peu-
ples des duels périodiques, réglés par la loi nationale, duels qui se vi-
dent avec le suffrage universel, et dans lesquels la souveraineté popu-
laire est sûre de triompher pacifiquement, et sans rien devoir au hasard
et à la sédition.
    Nous n'hésitons pas à dire qu'après la proclamation du général
Gémeau, le maintien de l'état de siège est impossible. Cette proclama-
tion met à néant tous les bruits, toutes les fables, tous les mensonges
 que les journaux hostiles à la République exploitent avec tant d'ardeur
 et depuis si longtemps. Justice en a été faite. Notre cité, aussi intelli-
 gente que laborieuse, comme dit le général, a droit de ne plus être
 traitée comme une ville pestiférée. Il faut lui rendre la parole qu'elle
 a perdue depuis huit mois. La République n'est possible qu'avec la
 liberté pleine et entière de penser; ces paroles ne sont pas de nous,
 elles appartiennent au général Gémeau, elles sont vraies, elles ne sont
 pas si anciennes que celui qui les a prononcées ait pu les oublier ; il
 sera heureux de s'en souvenir et de les répéter avec nous. Voici à
 quelle occasion le général Gémeau les a fait entendre.
    A son arrivée à Lyon, le général publia un ordre du jour, en date
 du 22 avril 1848 , où l'union de l'armée avec la garde nationale était
 recommandée avec une insistance qui déplut à MM. les Voraces et que
 ceux-ci prirent pour unepersonnalité. Ces messieurs, qui traitaient alors
 de puissance à puissance avec l'autorité, et que le général Neumayer