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                   DE PARIS A LYON ET A AVIGNON.                       507
 de l'Etat. C'est tout simplement en vue d'un emprunt tacite et indi-
 rect fait à la compagnie concessionnaire , qui sera tenue de verser,
 dans les caisses de l'Etat , une somme de 130 millions à placer en
 compté courant pendant dix-huit mois. On ne dissimule pas que ce
 versement énorme , qui maintiendra dans le trésor public un dépôt
 permanent de 70 millions au moins, malgré les prélèvements faits
 pour les travaux, permettra de gagner du temps, pour attendre le
 moment de faire un appel au crédit public. Nous marchons sur 600
 millions de bons du trésor, et la banque créancière de l'Etat, pour
des sommes importantes , demande à dégager ce détournement de sa
 réserve, afin de sortir des voies exceptionnelles du cours forcé.
   Cette situation des finances publiques est difficile et appelle inévita-
 blement une consolidation de la dette flottante par une émission nou-
velle de rentes, à l'effet de rendre à la Banque la liberté de son action.
Mais l'expédient imaginé pour reculer devant l'impérieuse nécessité
d'un emprunt n'est qu'une pauvre ressource, qui ne permettra pas
d'aller bien loin, si l'amélioration des produits de l'impôt ne présen-
tait par une allégeance moins illusoire. Le séjour passager des fonds
versés par la Compagnie ne peut amener aucun changement notable
dans les finances publiques, puisque l'argent entrera par une main
pour sortir par l'autre. Ce n'était pas la peine de faire si bon mar-
ché de.la concession du chemin de fer pour obtenir un si mince ré-
sultat.
   Nous savons bien qu'en attendant on permettra aux souscripteurs
du dernier emprunt d'en écouler les titres avec un bénéfice assez
rond, et qu'ils pourront de rechef se présenter à la soumission du
nouveau. Mais qui empêchait au ministre de puiser dans le réservoir
des capitaux privés , au moyen d'un emprunt spécial appliqué à l'éta-
blissement de la voie ferrée. Ces capitaux, qu'ils auraient appelés par
des obligations , suivant la méthode des Compagnies, entreront dans
la môme entreprise sous un patronage de spéculation particulière.
Quand viendra le moment de l'emprunt destiné à consolider les bons
du trésor, ces mêmes capitaux seront placés et ne pourront se porter
sur l'emprunt. Il faudra donc en trouver d'autres. Ceci revient à dire
que, dans les années qui vont suivre, deux caisses vont s'ouvrir pour
solliciter le marché financier, chacune pour des emplois différents.
L'une, la caisse de l'Etat, émettra des rentes qui seront souscrites par
un grand capitaliste ; l'autre, la caisse du chemin de fer, jettera sur
la place des actions et des obligations signées du même capitaliste et
garanties par l'Etat. En d'autres termes, la grande caisse- de la France