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508 LE CHEMIN DE FEU abritera la petite de la Compagnie et la protégera de sa solidité et de son crédit. Alors, on se demande s'il ne vaut pas autant voir tous les écus tomber directement dans le trésor public, au lieu d'aller, en partie, à l'escarcelle des entrepreneurs-banquiers du chemin de fer de Paris à Lyon. Mais M. Vitet ne veut pas que l'on procède à deux emprunts de nature différente : l'un pour la régularisation de la dette ; l'autre pour la construction de la grande voie des deux mers. 11 craint que le se- eond nuise au premier , et, pour la beauté du système financier, il n'entend pas que l'on crée deux litres de créances. Mais n'est-ce pas procéder à un emprunt, sans le savoir, que de dire à une Compagnie : le pays a besoin d'un chemin de fer qui coûtera 260 millions, avancez- les moi, en construisant vous-même le chemin, et je vous aban- donne pour vous rembourser l'intérêt pendant 99 ans du capital que j'y ai déjà dépensé, cet intérêt répété produira 700 millions , même en dehors de l'action de l'intérêt composé; c'est donc de l'argent em- prunté à plus de cent pour cent, tout en garantissant le revenu à 5 p. cent du capital fourni. Il est vrai qu'au moyen de l'infinie divisibilité de la charge usuraire, payée par tous et répartie sur une longue suc- cession de jours, on s'aperçoit peu du taux exorbitant du prêt; mais cette ingénieuse combinaison, ramenée à la simplification, démon- tre que la prodigalité en bloc est monstrueuse, quand la dilapifation en miettes reste invisible. La question une fois résolue dans le sens de l'établissement par l'Etat des travaux des voies ferrées, on peut différer sur les voies et moyens. Nous avons donné la préférence au système des obligations, patroné par M. Passy ; mais nous devons cependant faire mention des combinaisons qui atteignent le même but par des procédés différents. La proposition du représentant Dufournel, qui a été prise en con- sidération, et dont un rapport de M. Chapot, au nom d'une commis- sion spéciale, a proposé, fout dernièrement, l'adoption , préconise les associations par voie de souscription pour l'entreprise des travaux publics, susceptibles de donner des produits. Dans le mois qui suit la promulgation de la loi de concession, le ministre fait publier les statuts particuliers de l'association conces- sionnaire. S. partir de cette publication, tous ceux qui voudront faire partie de l'association , seront tenus de le déclarer à la sous-préfec- ture de l'arrondissement. L'intervention de l'Etat peut consister à concourir à la formation du capital nécessaire à l'entreprise, s'il y a insuffisance dans les sous- criptions.