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506 LE CHEMIN DE FER des instruments de la vie sociale pour les mettre en harmonie avec le milieu dans lequel ils sont appelés à se mouvoir. Le rachat peut-il prêter à toutes les prévisions de l'avenir? Non, cer- tainement ; car la clause de reprise n'est qu'un leurre ; elle n'est pas sérieuse. Elle peut bien admettre le retour de la ligne entre les mains de l'Etat ; mais à des conditions tellement onéreuses, si lourdes, qu'on est bien sûr que la cauteleuse stipulation ne sera jamais exécutée. Il ne s'agit de rien moins, pour exercer ce droit de réintégration, que de payer à la compagnie concessionnaire une annuité égale au produit net du che- min pendant une moyenne de sept années, défalcation faite des deux années inférieures en rendement ; à la condition toutefois que le re- venu ne sera pas moindre de 8 p. 0/0 du capital déboursé par la so- ciété. Cette annuité devra être payée pendant tout le temps qui res- tera à courir jusqu'à l'expiration du terme de 99 ans fixé pour la concession. La société industrielle se trouverait, par le fait, délivrée des embarras et des chances de l'exploitation ; elle n'aurait plus qu'à en- caisser ses vingt millions 800 mille francs. Si, dès le principe, on avait adopté franchement le système de la confection par l'Etat, on serait sorti de ce dédale de propositions, de cette lutte des diverses lignes qui veulent ramener à elles les trans- ports de la Méditerranée. Les discussions éternelles sur les deux com- pagnies solidaires ou divisées, sur la part de subvention qu'il con- viendrait de donner à l'une et à l'autre , sur la direction du tracé sur la rive droite ou celle du levant, sur les moyens de sauver les inté- rêts prétendus du centre de la France, toutes ces disputes oiseuses et stériles seraient tombées devant la mise en œuvre par l'agence na- tionale. On a préféré les complications inextricables d'où l'on veut faire surgir une conciliation .entre des prétentions divisées , et on ne sait encore à quel fil se rattacher pour sortir de ce labyrinte. En attendant, le marché des valeurs mobilières est paralysé ; des capitaux considérables restent en stagnation ; les espérances se surex- citent d'un côté, les positions établies, les droits acquis s'alarment; et la solution recule toujours, parce qu'on a écarté la seule décision vraie qui puisse dominer les conflits et les ambitions , savoir : l'établisse- ment et l'exploitation par l'administration publique de la ligne de Paris à Lyon et Avignon. Dans quel but s'est-on résigné à cette déclaration d'impuissance et d'inhabileté ? M. Fould, en exposant ses plans financiers, et M. Vite* dans son rapport, vont nous révéler le motif de cet abandon des droit*