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500                        LE CHEMIN DE FER
Marseille vient d'entrer, dans la même voie, pour un emprunt de 30
millions, garanti par l'Etat ; seulement, en raison de cette caution su-
prême de solvabilité, l'obligation de 1,000 francs se négocie au pair
et gagne même une prime.
   Pourquoi l'Etat, qui couvre de son crédit les appels de fonds de ces
associations privées, ne se servirait-il pas lui-même de la ressource
qu'il prête à des intérêts particuliers ?
   Les obligations spéciales du trésor, appuyées sur un nantissement
de deux cent millions de travaux achevés en 1850, présenteraient un
gage matériel qui donnerait toute sécurité aux prêteurs, en dehors de
la garantie morale d'un engagement national. De plus, les sommes
fournies par l'émission des obligations, se convertiraient, au fur et à
mesure, en travaux productifs, qui contribueraient, tout à la fois, à
augmenter la valeur du gage, et à accroître des ressources pour l'a-
mortissement de la dette.
   Les obligations devraient être divisées par coupures de 1,000, 500,
250 et 100 francs, pour les mettre à portée de toutes les facultés ;
elles porteraient intérêt à 5 % , et ne seraient remboursables qu'avec
une prime de 20 pour cent, soit à 1,200,600,300 et 120. Le placement
en serait facile,-certain ; car les petits capitalistes prudents recherchent
de préférence le placement en obligations de cette nature, qui ne sont
pas sujettes aux variations qui affectent si rapidement la rente ou les
actions industrielles. En consacrant par privilège toutes les recettes,
soit au paiement des intérêts, soit au rachat par voie de tirage au sort,
en quinze années, on aura remboursé l'émission entière des obligations
avec la prime. On jouira alors de la plénitude des produits de la ligne
entière, évaluée à vingt millions, pour amortir le capital déboursé
primitivement par l'Etat sur la ligne de Paris à Châlon. En moins de
dix années, le trésor public sera rentré clans toutes ses avances. Dans
un laps de temps de vingt-cinq années, le pays jouirait donc des bé-
néfices de tous les revenus de la grande ligne du nord au midi.
   Comment donc, avec un tel résultat, oser songer à passer sous les
fourches-caudines des spéculateurs !
   C'est cependant ce qu'ont imaginé de mieux premièrement M. La-
crosse et son successeur, M. Bineau.
   Le projet-Lacrosse abandonnait à la Compagnie cessionnaire, pen-
dant quatre-vingt-dix-neuf ans, les travaux faits, évalués à 154 mil-
lions : il la gratifiait d'une subvention de 15 millions, lui accordait une
garantie d'intérêts de 5 % sur un capital de 240 millions, et la tra-
versée de Lyon, suivant le tracé de 1845, restait à la charge de l'Etat.