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suu L'INSTRUCTION PUBLIQUE. 491 M. Thiers : on rejettera tout ce qui sera contesté ? C'est dono à dire qu'il ne restera de reçu, dans l'enseignement, que ce qui sera si terne, si effacé, que l'on ne pourra s'en blesser, ni au banc des évèques, ni au banc des universitaires ? Mais encore aussi, faudrait-il tenir compte du membre protestant et du membre israëlite. ' Voyons donc fonctionner cette œuvre de conciliation ! Les conseil- lers éclectiques, panthéistes, catholiques, protestants et israëlites se feront réciproquement concession de quiconque aura attaqué les uns ou les autres : contesté, donc rejeté. Il nous semble voir les triumvirs romains, dans leurs jours de trêve, s'abandonner généreusement les tètes de leurs amis, à commencer par Octave, qui sacrifie Cicéron à la paix du monde. Pourtant, nous imaginons qu'on sacrifiera volon- tiers quelque auteur de livre classique mal protégé, quelque professeur obscur, pour peu qu'ils aient commis le crime de dévouement à leurs convictions. Puis, on demandera que l'Histoire de la Révolution française par M. Thiers soit chassée des bibliothèques des collèges. Pourquoi M. Thiers se plaindrait-il ? Il en était ainsi avant cette ré- volution de Février, sur laquelle M. Thiers verse des larmes amères. D'ailleurs, M. Thiers n'est pas de l'Université et n'est pas évèque ; il n'aura pas voix au chapitre. Puis, on en viendra à la pléiade éclec- tique, qui se rallie sous l'aile de M. Cousin, pléiade dont les membres sont, après l'illustre chef, les gros bonnets universitaires, qui trônent dans les hauts emplois, et dont les livres sont, par privilège, sur tous les bancs de philosophie ; oh ! alors, nous pensons que l'on commen- cera à crier et à résister. Mais, que sera-ce, quand on arrivera au grand-prêtre? Car, enfin, pense-t-il que son importance imposera le silence ? C'est lui qui a imprimé le mouvement contre lequel le clergé se récrie ; c'est lui qui retient toujours la philosophie dans la même doc- trine ; c'est lui dont les ouvrages ont été condamnés en première ligne et le plus sévèrement. Quand les évèques du Conseil voudraient, par prudence, se taire à son égard, ils ne le pourraient pas ; la clameur qui s'élèverait derrière eux les entraînerait. Or, si garder la paix vis-à -vis de M. Cousin, c'est, pour les évèques du Conseil, abdiquer leur mis- sion ; se prononcer contre lui, c'est tout de suite déchirer cette trans- action mal combinée, et lui faire succéder une guerre envenimée par les ressentiments nouveaux ajoutés aux querelles anciennes. Il est évi- dent que l'Université pourra bien jeter, par dessus les bords, commo un bagage incommode, quelques livres ou quelques professeurs, mais abandonner ses chefs, ce serait se renoncer elle-même, il ne faut pas s'y attendre. Et pourtant, il est impossible d'échapper ù ce di-