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plus le tuer ni l'affaiblir ; on le garde, au contraire, et on l'entretien^
pour disposer de sa force, comme de celle d'un serviteur.
   Mais, qu'on y prenne garde ! L'Université n'est pas si soumise qu'on
le croit ; elle capitule, elle fait la morte. Les esprits les plus intelligents
dans le clergé même, ceux qui ont réservé leurs défiances, et qui
sentent le sac où le prétendu cadavre s'enveloppe, s'aperçoivent bien
que l'Université a gardé des positions secrètes, à l'abri desquelles elle
attend des circonstances plus favorables pour chasser la garnison
qu'elle se voit contrainte d'admettre. Voilà pourquoi ces hommes clair-
voyants n'auraient pas voulu que cette garnison s'engageât dans une
place où elle va être numériquement trop faible. Mais ils jouent le
rôle de Cassandre ; leur voix est méconnue dans leur propre camp.
    Nous présumons que tous nos lecteurs connaissent le discours de
notre éloquent orateur, M. Jules Favre, et nous ne voulons pas répéter
la démonstration par laquelle il a mis en évidence les vices de cette
prétendue loi de transaction, qui n'est, au fond, qu'une loi d'antago-
nisme et de guerre. Il est clair que les évêques qui siégeront au Con-
seil d'instruction publique commenceront par demander qu'on épure
le catalogue des livres admis dans les écoles, et qu'on interdise tous
 ceux qui ont été mis à l'index par la cour de Rome. Or, si l'on y con-
 sent, c'est le bouleversement de nos études philosophiques , histo-
 riques et littéraires. Si l'on s'y refuse, surgira tout aussitôt la question
 grave, non résolue, objet de réserves menaçantes de la part des
 évêques, de savoir s'ils siégeront au Conseil comme simples membres
 soumis à la loi de la majorité, ou comme stipulant, au nom de l'Eglise.
 Dans le premier cas, la présence des évêques en nombre inférieur aux
 universitaires est une duperie. Dans le second cas, les évêques sont là
 comme organes d'un principe inflexible pour imposer l'autorité.
    Voyons comment M. Thiers a cru résoudre l'objection. Les membres
 du Conseil, a-t-il dit, manifesteront, quelle que soit leur origine, cet
 esprit de conciliation et de concessions réciproques qu'ont des hommes
 de bonne volonté qui cherchent à s'entendre. Et puis, il y aura toujours
 un moyen : rejeter tout ce qui sera contenté, livre ou professeur. Mais
 M. Thiers a-t-il pris garde que des évêques, quelque esprit de paix et
  de conciliation qu'ils puissent avoir personnellement, ne transigeront
 jamais, ne pourront pas transiger, quand ils croiront voir la foi com-
  promise, et quand ils seront engagés par les décisions de l'Eglise ?
  N'est-il pas vrai que, sous ce rapport, il faudra qu'ils soient, dans le
  Conseil, tout ou rien, qu'ils commandent ou qu'ils se retirent en dé-
  clarant la guerre?Mais, que dirons-nous du beau moyen imaginé par