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474                      LE SALON D'EXPOSITION.
nés nonchalants sur des montagnes qui paraissent trop petites à côte
 d'aussi grands corps. En faisant abstraction de Moïse et Aaron, il
reste un bon paysage dont les lointains montagneux et tourmentés,
moutonnent à plaisir.
   Nous aimons mieux le tableau de M. Lugardon, quoique le sujet
en soit navrant et peu idéalisé. Son condamné à mort qui écoute si
l'on vient le chercher est d'une réalité saisissante ; le moine prie avec
une grande ferveur et une foi inébranlable. Le Posador de M. Leleux
est bien assis et surtout bien sérieusement occupé de son addition.
Il nous a semblé que l'auteur a négligé de finir qnelques accessoires
qui laissent des doutes sur leur nature. Il devrait aussi varier sa manière
de peindre les étoffes. Les manches de la chemise de toile sont traitées
comme la laine de la veste ; c'est bien minutieux, dira-t-on, mais les
Hollandais ne seraient pas arrivés à la perfection, s'ils avaient néglige
tous ces détails.
   On ne sait plus comment louer M. Saint-Jean, Il a épuisé les for-
mules d'éloges. Depuis longtemps, on répète qu'il a trouvé l'idéal
des fleurs et des fruits. On n'a plus que des lieux communs au ser-
vice de* son admiration. Il nous a semblé cette année que sa couleur
était moins dorée que dans ses œuvres précédentes. Les tons nous
ont paru moins brûlants. C'est une remarque, peut-être une erreur
de notre part, ce n'est pas un reproche. Le vase où s'épanouissent des
pavots si magnifiquement traités et dont le pied est engagé entre un
raisin pourpre et une grappe dorée, est un peu gêné par le voisinage de
cette dernière. Le pavot blanc, teinté de rose au bord des pétales, se con-
fond avec la grappe de l'arrière plan quoiqu'il soit sur le devant du vase.
Cela donne de l'inquiétude et ne laisse pas au vase une place suffisante.
   Tous nos peintres de fleurs, et le nombre en est grand à Lyon,
ont fait merveille cette année. Une étrangère, Mlle Wagner, a envoyé
aussi son bouquet à cette fête des fleurs. C'est de la peinture sérieuse
et virile, en vérité ; d'un dessin correct et distingué, et d'une bonne
qualité de couleurs. Quand elle aura un peu plus de métier, qu'elle
entendra mieux l'art de la mi3e en scène de ses modèles et leur ar-
rangement théâtral, Mlle Wagner sera une artiste de haute valeur.


   On est accoutumé trop généralement à regarder le paysage comme
le genre le plus monotone de la peinture. C'est une erreur qui tient à
l'inaptitude du public, qui ne sait regarder ni les tableaux, ni la nature.
Outre la variété infinie des aspects, des formes, des lignes, des détails