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472                     LE SALON D'EXPOSITION.
après sa mhrt, un talent de colorisle et une entente de l'arrangement
scénique des groupes vraiment fort remarquables. Malgré le nombre
et la variété des tètes , maigre l'agitation pressée de la foule, il n'y a
ni confusion, ni papillotage. On dit M. Comte fort jeune, et pourtant
cette toile indique de l'expérience, nous allions dire de la rouerie. Nous
n'avons pas compris l'intention d'un des acteurs placé au haut de l'es-
trade, à côté du roi qui préside cette cérémonie. Est-il indigné contre
le seigneur qui baise la main du cadavre couronné ou contre celui qui
exige cette marque de respect ?
    Quand M. Jacquand cherche une expression, il est rare qu'il ne ren-
contre pas une grimace. Voyez plutôt sa vente d'une jeune esclave.
M. Jacquand manque d'idée, de dessin, de style; à, part cela, il a infi-
niment de talent.
    M. Decaisne a trouvé le moyen, avec beaucoup de savoir et d'ha-
 bileté , de faire une scène vulgaire et froide , de la dernière visite de
 Raphaël à son atelier. M. Oscar Gué a fait pis ; son Othello est bête,
 et sa Desdemona est laide. Il est difficile de se donner autant de peine
pour plaire que la joueuse de mandoline de M. Caminade , et d'arriver
à un sourire aussi niais et des regards aussi équivoques. Ce n'est
plus de la coquetterie, mais de la mendicité. M. Boulanger (Ste-Marie)
a peint un buste de femme honnête, qui s'efforce d'être rêveuse ; il l'a
drapée d'une manière fade et décente, et il a intitulé le tout : Perfide
comme l'onde. Oh ! comme nous serions enclin à lui pardonner sa
perQdie , si ses épaules étaient d'une pâte plus appétissante et d'un
dessin plus voluptueux !
    M. Biard a été pris rarement d'une gaité plus froide et moins com-
 municative que cette année. Autrefois , il avait plus d'esprit, il ren-
 contrait même quelquefois la fantaisie. Qui ne se rappelle sa petite
 toile du peintre d'histoire ? Certes, il est triste de ne pas pleurer de-
 vant une scène qui était destinée à vous arracher des larmes ; mais il
 est cent fois plus douloureux, de ne pouvoir rire en face de qui prend
peine à vous réjouir. Cependant, quelques physionomies du Conseil
de révision rappellent les meilleurs accès de gaîté et de coquasserie
 du caricaturiste.
    « Orgueil, Envie et Colère, ou ce qui fait les révolutions. » Sous ce
titre, qui doit être une recommandation auprès des amis de Tordre,
M. Martin-d'Âussigny a exposé la triple cause des changements poli-
tiques. La Colère porte un poignard , l'Envie un serpent, l'Orgueil un
manteau rouge. Le tout est disposé à la façon des groupes circulaires
de M. Keller. On s'attend à le voir tourner. .