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ET DÉMOCRATIE. 467 le progrès, et vers laquelle le progrès aspire, sans que le progrès, marche des choses humaines, c'est-à -dire chose par soi bornée et re- lative, puisse jamais l'atteindre et dire : Il me faut maintenant un autre guide. Et, veuillez le remarquer encore, c'est une erreur com- mune à ceux qui ont mal étudié le Christianisme, d'en amnistier la morale, en repoussant le dogme, comme si la morale n'était pas im- plicitement contenue dans les profondeurs mystérieuses du dogme. '1 en est ainsi de toutes les religion». Avez-vous remarqué , par exemple, que le Protestantisme aboutit au Doctrinarisme, et que les Guizot, les Robert Peel et autres chefs de la même école, sont très- conséquents dans leurs croyances politiques et religieuses ? C'est en eux l'orgueil de la raison individuelle qui s'isole dans sa propre sphère et s'élève des autels. Eh bien ! Monsieur, sans crainte de vous paraître démenti par les faits, j'affirmerai que le Catholicisme aboutit à la démocratie par la tendance de ses dogmes principaux. J'y trouve d'abord la fraternité réelle des hommes, par l'adoption qu'a faite le Verbe divin de la nature humaine, adoption par laquelle nous sommes devenus, en lui et avec lui, non plus de simples créatures de Dieu, mais des enfants de Dieu. Remarquez bien que cette conséquence échappe à toutes les sectes qui nient la divinité réelle du Christ. C'est, en second lieu, au moyen des sacrements, une immanation perpétuelle de la substance divine dans la substance humaine. En troisième lieu, c'est une communauté parfaite, dans laquelle les substances du ciel entrent en participation, et qui établit, au profit de tous et de chacun, un trésor, véritable capital commun, de mérites, de prières et de bonnes œuvres. Là , tout est égalité ; là , le dernier des hommes est l'arche sainte de Dieu ; là , la raison se plie seulement devant ce qui est au-dessus d'elle ; et, se courbant aux pieds de l'Eglise, qui est dé- positaire du dogme, pour tout le reste, elle reprend son indépendance ; là , enfin, où la raison générale ne dicte plus infailliblement comme église, elle a encore le droit d'apparaître et de commander, à titre de r aison humaine, et, comme expression de la souveraineté donnée par tWeu aux peuples, de créer des pouvoirs avec leurs attributions et leurs limites. Vous allez me demander, Monsieur, comment, s'il en est ainsi, le monde chrétien n'est pas, depuis des siècles, une grande démocratie, et, je le sens bien, les choses présentes, notamment les faits accom- plis, depuis une année, dans l'Europe, vous fourniront de grands arguments contre ma thèse. Mais, Monsieur, les dix-huit cents ans du Christianisme ne sont qu'un jour. II a fallu quatre siècles à la doc-