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                              ET DÉMOCRATIE.                             465

   théorie, on trouve une religion abaissée, dégradée, matérialisée pour
   la compromettre dans des intérêts humains et périssables. Non, ce
   n
     'est point là le Catholicisme ; on a tort de le dire. Ce n'en est que la
   défiguration. Vous avez rapporté, Monsieur, les lamentations quelque
   peu ridicules de l'écrivain royaliste. Il s'était formé une règle suivant
   lui) une autorité suivant lui, une divinité suivant lui. Et voilà que les
   Peuples ne veulent plus ni de sa règle, ni de son autorité, ni de sa di-
   vinité déléguant le gouvernement du monde. Et l'écrivain de gémir,
   •le s'écrier que tout est perdu, qu'il n'y a plus de lien parmi les
   hommes, et que, sur la terre, il n'y a, comme au premier jour, que le
   chaos, moins l'esprit de Dieu. Et cependant, ainsi que vous l'avez re-
   marqué, Monsieur, le monde s'est ri et ne s'est point ému et a con-
   tinué sa marche, comme s'il n'avait pas devant lui un écrivain lui
   criant: Malheur ! C'est qu'à la place de cet ordre ancien, de cette règle
   perdue, de cette autorité oubliée, il a surgi tout d'un coup, du sein
  même de cette société condamnée, un ordre nouveau, une règle nou-
  velle, une autorité non moins ferme et plus obéie.
      Je vous ai dit, Monsieur, où vous avez eu tort de voir le Catholi-
  cisme sur les indications de M. Laurentie. Permettez-moi d'ajouter
  luelques phrases, pour montrer où il est en effet ; car il est impossible
 qu'aucune grande action sociale s'accomplisse, sans emporter avec
 elle l'empreinte de Dieu. La société est réellement une chose sacrée
 et d'institution divine, puisqu'elle est le dépôt nécessaire dans lequel
 l'homme reçoit la parole et la tradition. La société est sainte en soi,
 mais les formes sociales sont variables et successives ; Dieu a voulu
 lue les hommes fussent les instruments de leur propre progrès, soit
 dans l'ordre individuel, soit dans l'ordre social. Or, lorsqu'un peuple,
 réalisant le progrès qui s'est opéré en son sein, donne aux formes de
 son association une existence plus parfaite, c'est-à-dire plus conforme
 à la dignité et à la liberté de la nature humaine, ce peuple, agissant
 flans sa souveraineté, est le ministre de Dieu, et le gouvernement
 qu'il établit tire de cette source, tout à la fois divine et populaire, les
 droits inhérents à tout pouvoir politique, ceux de disposer et de con-
traindre. Voilà, Monsieur, la véritable origine, l'origine catholique,
 de l'autorité. Oui, tout vient de Dieu, mais tout vient de Dieu au peu-
ple. Et, c'est par Dieu primitivement, par le peuple secondairement,
que les magistratures existent et fonctionnent, au moyen de déléga-
tions, comme le dit notre Constitution éminemment chrétienne de
1848.
     Vous voyez, Monsieur, sur quelle base large et ferme la doctrine