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464                   LÉG1TIMISME, CHRISTIANISME

voulu que le dépôt de certaines vérités restât consacré par une auto-
rité infaillible et immuable, afin que ce fût comme un soleil perpé-
tuellement brillant à l'horizon et perpétuellement pur. Tout le reste»
il l'a abandonné aux recherches, aux discussions, aux incertitudes,
afin que l'homme se fit lui-même sa destinée par sa raison, son tra-
vail et son expérience. Et, remarquez de quelle façon les choses sont
réglées ! infaillible dans sa sphère limitée, l'Eglise elle-même partage
les erreurs communes sur tout le reste ; et, comme pour montrer que
l'infaillibilité n'est pas le don octroyé aux personnes, mais l'assistance
surnaturelle accordée à l'institution, presque toutes les fois que l'E-
glise, sortant de son rôle, a voulu faire de la politique, elle a fait de
la politique tantôt oppressive, et tantôt absurde.
    Erreur, passion ou tactique, les légitimistes ont une étrange façon
de raisonner. Ils commencent par forger je ne sais quelle religion
qu'ils décorent du nom de Catholicisme. Puis, comme ils trouvent que
Dieu a eu tort de ne donner au Catholicisme qu'un seul chef spirituel
 eux, ils en établissent deux, un pour le spirituel, et un pour le tem-
porel, le pape et le roi ; et, doublement exclusifs, ils damnent au nom
 du pape qui ne veut pas du roi, et brûlent au nom du roi qui ne veut
pas du pape. Quand je dis brûler, vous comprenez bien, Monsieur, que
 c'est une façon de parler ; Dieu merci ! nous ne sommes plus au XVIe
 siècle. II y en a trois de plus sur le monde, ce qu'amèrement regrette
M. Laurentie, qui fait partir de ces trois siècles, c'est-à-dire du jour
 où l'on ne brûle plus, l'évanouissement du principe d'autorité. Mais
le bûcher n'est, après tout, qu'un des mille emplois du mode de con-
 trainte , et, pourvu qu'on accorde le principe, ces Messieurs se con-
 tenteront provisoirement de l'amende et de la prison ; le gendarme leur
 semblera un pis-aller passable au défaut du familier du Saint-Office.
 Puis, quand est venu le jour de l'orage, et que la tempête populaire a
 brisé en tronçons cette création à deux têtes, cette monstrueuse adé-
 quation du roi à Dieu, ce système sacrilège des Christs des nations,
 les gens simplement religieux s'écrient : Cessons de réunir ce que le
 doigt de Dieu a disjoint. Le temps des rois est fini ; les temps de Dieu
 sont éternels. Mais eux, toujours aveugles et obstinés, répondent :
 Non, non. Toujours les rois ; sans les rois, point de religion, point
 d'église, point de Ghrist !
    Ah! sans doute, il est beau d'élever une opinion politique à la hau-
 teur d'une foi religieuse ; et, ce cri du paysan vendéen, Dieu et le Roi !
  est l'accent sublime de la fidélité. Mais, lorsque cessant de considérer
  le dévouement personnel, toujours admirable, on vient à juger la