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DE LA FRANCE. 457 La diversité, c'est la vie locale, la physionomie de l'individualité, les mœurs et les habitudes variées qui mourraient sous le joug de l'uniformité absolue ; c'est la commune, le canton, le département. La vie centrale ne doit pas plus absorber la vie locale, que le pou- voir social ne doit anéantir la liberté privée. Le problême à résoudre consiste à fixer leur rapport, à déterminer leur relation de manière à sauvegarder l'une par l'autre. Ici se pré- sentent deux systèmes contraires : L'un tend à développer le pouvoir central, à élargir sa compétence, a lui donner l'intervention la plus étendue, et à en faire une autorité unique, une monarchie appliquée à tous les intérêts locaux et même aux intérêts individuels. C'est la tutelle universalisée. Les partisans des libertés locales, au contraire, s'efforcent de tout décentraliser, de tout convertir en intérêts municipaux. Ils veulent ar- racher au gouvernement central toute action, toute direction, de ma- nière à constituer une myriade de petites souverainetés vivaces, re- muantes, dont les agitations auraient bientôt dissout toute natio- nalité. Les uns poussent l'autorité du pouvoir central jusqu'au despo- tisme ; ceux-là abaissent les franchises et les libertés municipales jus- qu'à l'anarchie. Où sera le point politique de la conciliation ? comment régler le départ des attributions respectives? et quel est le régime le mieux approprié au tempérament national ? III. La France a l'instinct et l'amour de l'unité; elle en a l'esprit gé- néralisateur et le goût de l'uniformité, jusqu'à la manie de la régle- mentation. Cette passion est tout à la fois une qualité et un défaut. Une qualité: parce qu'elle comprend qu'il faut qu'elle soit un tout homogène, compact, adhérent, pour attaquer et pour se défendre. Car la France est militante par l'idée, agressive par sa liberté démocratique qui mine le vieux monde. Elle sait qu'elle doit se garder par les armes contre les entreprises extérieures de ceux qui, pour se sauver de son influence libérale, voudraient anéantir sa nationalité. Un défaut : parce qu'elle tourne contre elle-même, contre sa propre liberté, l'arme puissante de la centralisation ; elle en fait un joug de