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458              DE L'ORGANISATION        ADMINISTRATIVE

tyrannie, un instrument de despotisme qui peut tomber, par un coup
de dés heureux, entre les mains de quelque prétendant affamé.
   Qui peut nier la force, la nécessité, les bienfaits de la centralisation,
mais aussi qui hésitera à en signaler les périls et les abus ?
   « La centralisation poussée à l'excès, dit Cormenin, ne serait pas
« sans dangers, considérée dans ses rapports avec la sûreté du gou-
« vernement, avec la liberté des citoyens et avec la bonne gestion des
• intérêts locaux. En effet, la centralisation appartient au premier
 <
« occupant, et passe, avec l'empire, des mains de celui qui la tient
 • aux mains de celui qui la prend. L'histoire de nos cinquante der-
 <
« nières années le démontre...... Entre deux prétendants, voulez-
« vous savoir qui est légitime ? Ne demandez pas qui a le droit, mais
« qui a Paris ; qui a Paris règne, qui a Paris a la France. »
   Maintenant, écoutez Benjamin Constant, le publiciste orateur qui a
le plus contribué à l'éducation politique du pays :
   « L'attachement aux coutumes locales tient à tous les sentiments
« désintéressés, nobles et pieux ; c'est une politique déplorable que
« celle qui en a fait de la rébellion. Qu'arrive-t-il dans les états où
« l'on détruit ainsi toute vie partielle ? Un petit état se forme au'centre];
« dans la capitale, s'agglomèrent tous les intérêts, là vont s'agiter
« toutes les ambitions ; le reste est immobile. Les individus perdu s
« dans un isolement contre-nature, étrangers au lieu de leur nais-
« sance, sans contact avec leur passé, ne vivant que dans un présent
» rapide, et jetés, comme des atomes, sur une plaine immense et ni-
« velée, se détachent d'une patrie qu'ils n'aperçoivent nulle part, et
« dont l'ensemble leur devient indifférent, parce que leur affection ne
« peut se reposer sur aucune de ses parties. »

                                    IV.

  Les partis se sont emparés de la question de la centralisation pour
en obscurcir la solution de leur haine, de leurs préjugés, et des em-
bûches de leur tactique. C'est au-dessus de leurs vues passionnées,
de leurs préventions étroites et de leurs intentions déguisées, qu'il
faut chercher à constituer le régime administratif de la France répu-
blicaine. Qu'importe que les chevaliers de la légitimité se fassent les
défenseurs à outrance des libertés locales, dans l'espoir chimérique
que leur principe vermoulu pourra triompher par une insurrection de
paroisses !