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CHRONIQUE MUSICALE. 151 nom en vedette sur l'affiche. A Lyon, où l'on se dit amateur et protecteur des arts, elle a passé presqu'inaperçue, et j'en suis réduit à demander ici quel est ce nom •' — Le concert annuel de M"1" Ducrest et de M. Rhein s'est distingué, cet hiver, par uneaffluence plus qu'ordinaire. Et, fait rare dans les réunions de ce genre, tout programme a été fidèlement exécuté. Femme d'esprit autant que musicienne consommée, la bénéficiaire n'a rien perdu à s'effacer un peu. Mlle Masson, M. Du- frene, M. Vanderheyden, M. Thibaut l'ont dignement aidée à faire ses honneurs. •L eminente cantatrice, abordant avec un courage et une puissance toute virile l'air des Tombeaux, de la Luria, a produit une impression irrésistible. —Nous croyions '"us connaître le Fil de la Vierge. Mais, avec Dufrèue, on peut bien être tenté de se demander encore, comme aux jours de l'enfance, s'il ne descend effectivement pas du ciel. — M. Vanderheyden a fait un immense progrès. Le voilà maintenant au premier rang, dans notre ville où le second était déjà rendu si honorable. — Les cuivres harmonieux du g" dragons ont été presqu'étouffés par le bruit des applau- dissements. — Enfin, il n'est pas jusqu'à un duo de pianos qui n'ait, ce jour-là , reçu des marques d'approbation sincères ! — Il est sérieusement question d'organiser enfin à Lyon, sur des bases à la fois solides et artistiques, un CONSERVATOIHE BE MUSIQUE. Aider ou éclairer les vocations spéciales, faire aimer à la population le seul délassement qui soit attrayant etsan s danger, former des masses capables de remplacer les grimaçants simulacres de chœurs qu'on nous exhibe au théâtre, tel est le but qu'on se propose. Ce but peu' sembler difficile ; mais il sera sûrement atteint, si les encouragements officiels ré- pondent à l'empressement des fondateurs. Le goût épuré et les nombreux succès professoraux du directeur désigné sont une nouvelle garantie pour le succès d'une entreprise qu'il doit suffire d'avoir nommée pour lui rallier de toutes parts di; sympathiques adhésions. — M1,e Alboni est à Lyon ! Il appartenait à M. G. Ha'inl qui, tous les ans, nous initie avec tant de zèle aux grands événements musicaux contemporains, de faire paraître à son tour, sur noire scène, la célèbre héritière de Pasla et de Malibran. C'est, en effet, au concert de notre excellent chef d'orchestre, qu'elle a donné les prémices de son incomparable talent. L'enthousiasme le mieux mérité a fait de cette première représentation un 'riomphe inoui. Pour ceux dont les souvenirs musicaux ne remontent pas au-delà de quinze années, c'a été là toute une révélation. Par leur seule étendue, ces voix exceptionnelles qui comprennent deux registres francs imposent d'emblée je ne sais quel recueillement mêlé de stupeur. A ce point de vue, M lle Alboni ne peut être comparée qu'à Martin et à la Malibran. Et, comme eux aussi, elle se joue sur ce magnifique instrument, sans paraître ni plus embarrassée, ni plus fière de ses im-