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 452                         CHRONIQUE MUSICALE.
menses ressources, que si elle nous parlait sa langue naturelle. Ruisseau de perles
 qui roule sur du velours, ses notes toutes égales, rondes, sonores, moëlleusemcnt
 vibrantes, viennent chatouiller le cœur, sans jamais fatiguer par le spectacle, ou
alarmer par l'imminence du moindre effort. Arpèges, trilles, cadences, larges phrases,
gammes chromatiques, ports de voix à deux octaves de distance, tout ce que les
autres chanteurs font, elle le laisse échapper. La mélodie, comme formée d'avance»
éclate et sort dès qu'elle entr'ouvre les lèvres ; et il vous serait aussi difficile da-
nalyser le mécanisme de cette perfection que d'échapper à la puissance de sou
charme.
   Malgré son apparente froideur, M ,le Alboni a dû s'enorgueillir de l'effet qu'elle
a produit ; et elle en serait bien plus fière encore, si elle connaissait nos compa-
triotes. Je n'étais pas, sous ce rapport, sans quelque appréhension, en reconnaissant
près de moi, d'un côté, les illustrations de la fabrique, de l'autre un groupe de di-
httanti du Jardin-d'Hiver. Mais, semblable au choc électrique, le premier SOD a
frappé de catalepsie les tempéraments les plus réfractaires. Muets, retenant leur
souffle, ils écoutaient, et écoutaient sans battre la mesure !!... L'inspiration sublime
s'est improvisé là un auditoire digne d'elle; et j'ai cru entendre encore une fois le
religieux silence de ma vieille salle Favart !


                                                                   DD.




   L'Assemblée législative sera bientôt appelée à prendre une décision sur les moyens
de terminer le chemin de fer de Paris à Lyon et de Lyon à Avignon. La Commission
spéciale du budget a nommé M. Vitet rapporteur du projet de loi présenté première-
ment par M. Lacrosse, et modifié par M. Eineau. On sait qu'il s'agit de livrer à des
compagnies financières l'exécution et l'exploitation de cette ligne, à moitié achevée
avec les deniers de l'Etat. Nous recevons communication des délibérations du Con-
seil d'arrondissement de Lyon sur cette question importante. Dans un travail
étendu, mûrement étudié, le rapporteur, M. le professeur Jourdan, fait ressortir,
avec une grande force, la supériorité de ta confection par l'Etat, au point de vue
des intérêts généraux du pays.
   Nous nous rangeons complètement aux vues manifestées par le Conseil d'arron-
dissement de notre ville, et nous espérons que l'Assemblée législative ne suivra pas,
en matière de travaux publics, les funestes errements du dernier gouvernement, qui
avait lancé la France dans la fièvre des spéculations et de l'agiotage.


                                                  LÉON BOITEL , gérant.