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                DE LA CONSTITUTION.
                             (2 e   ARTICLE).




    Les ennemis timides de la Constitution, ceux qui n'osent pas l'at-
 taquer de front, contre-révolutionnairement, s'efforcent de la ruiner
 dans l'opinion publique, en la représentant comme une œuvre in-
 forme, absurde, dont la pratique dévoile de jour en jour les vices, et
 qui est incapable de se maintenir autrement que par des expédients
 ou des coups-d'Etat, soit du coté de la majorité parlementaire, soit du
 côté du Pouvoir exécutif. Voyons donc si, en effet, la Constitution de
 1848 nous présente ce dualisme inextricable, cet antagonisme légal et
 sans autre solution que la force !
    Notre intention n'est pas de récriminer contre les anciennes formes
 constitutionnelles ; nous croyons que, telles qu'elles étaient, elles
 eussent suffi pour longtemps aux besoins de la France, si elles eussent
 été appliquées sincèrement et développées dans le sens du progrès.
 Elles sont tombées, parce qu'on les a entendues dans la vue d'en
faire un instrument d'oppression ou de corruption. Que ceux qui ont
entraîné les chartes de 1814 et de 1830 dans cette voie périlleuse,
s'imputent les ruines qu'ils ont entassées ! Ce ne sont pas les amis de
la liberté qui ont fait s'écrouler deux trônes-, eux seuls, au contraire,
 auraient pu les préserver.
   Mais, enfin, deux révolutions ont eu lieu, et chacune d'elles a en-
traîné des changements nécessaires dans l'organisation des pouvoirs
sociaux. 1830 a profondément altéré la formé monarchique ; 1848 a
achevé de la briser. A aucune de ces époques, la société, se relevant
d'une crise violente, ne s'est reconstituée purement sur les bases an-
ciennes. C'eût été contre le bon sens, contre la nature des choses»
Quand on est abrité dans un édifice, on s'y arrange le mieux possible,
en supportant ce qu'il a de suranné et de défectueux. Le parti le plus
sage alors est de chercher à corriger et à embellir peu à peu cet asile
par des réparations successives et bien entendues. Mais, si l'édifice
s'écroule en poussière, on ne le reconstruit pas, sans folie, avec les
mêmes vices ; on fait une œuvre nouvelle, mieux conçue, plus par-
faite, parce qu'il n'y a phi3 à redouter alors de s'ensevelir sous des
ruines.                                                     28