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 420                     CHRONIQUE MUNICIPALE.
     Ce n'est pas que nous voulions proscrire d'une manière absolue la
  pieuse coutume de récompenser le talent, le génie, le vrai mérite enfin,
  en lui décernant les honneurs de la place publique. Mais, pour que
  cette distinction puisse être enviée, recherchée par les âmes d'élite,
  qu'elle conserve tout son éclat, qu'elle ne devienne pas le partage de
 l'intrigue ou de la vanité, il ne faut en user qu'avec une extrême ré-
  serve, ne l'accorder qu'à des services éminents rendus au pays ou à
 l'humanité. « Les honneurs, a dit un orateur sacré ( Fléchier ), sont
  « institués pour récompenser le mérite. Ils n'appartiennent de droit
  « qu'à des âmes modérées, justes, charitables, qui les reçoivent sans
  « empressement, qui les possèdent sans orgueil, qui les retiennent
  « sans intérêt. Mais l'esprit du monde en 'a perverti le véritable
 « usage ; on les brigue sans les mériter, on en abuse quand on les a
  « obtenus. L'ambition les acquiert par des voies même criminelles. "
    Nous voudrions enfin que jamais, et, dans aucun cas, de tels hon-
 neurs ne fussent accordés à des hommes vivants. Le Conseil munici-
 pal a été, du reste, de cet avis, en émettant un vœu, dans ce sens,
 pour l'avenir.
    En résumé, le Conseil a maintenu les appellations républicaines,
 et rétabli certains noms, qui auraient dû .trouver grâce devant les
 réformateurs, ne fût-ce que par respect pour le bon sens populaire
 qui, très-souvent, s'est élevé contre les changements opérés par le
 bon plaisir. Tels sont les noms de pont du Change, pour Tilsitt, quai
 St-Antoine et place Bellecour, qui ont toujours prévalu dans le lan-
 gage habituel.
    Il nous reste à souhaiter que, pour mettre un terme à toutes ces
 variations d'autant plus dangereuses qu'elles sont le fruit des pas-
sions politiques, une législation sage et uniforme détermine les
cas fort rares où les honneurs de la place publique pourront être dé-
cernés à des citoyens après leur mort, à raison de services rendus.
Les dispositions de la loi devront être telles, que l'adulation et la
flatterie ne soient plus les dispensatrices d'une récompense à laquelle
le vrai mérite seul doit avoir droit.
                           C.   VACHEZ,   Conseiller municipal.
   ERRATUM. — A la page 346, première ligne, dans le N° 11 de
la Revue de Lyon du 15 décembre 1849, à l'article Chronique muni-
cipale, au lieu de : « Les membres du Conseil qui n'ont pas voté avec
elle, lisez : Les membres du Conseil qui ont voté avec elle.* »
                                            LÉON BOITEL , gérant.