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               CHRONIQUE MUNICIPALE.



        SUR LES NOMS DES RUES, QUAIS ET PLACES.

    La législation française se compose, on le sait, d'un arsenal de lois
 nombreuses, dans lequel on peut puiser à pleines mains pour ré-
 pondre à tous les besoins civils ou criminels ; et, si cette législation,
 imparfaite comme toutes les institutions humaines, laisse beaucoup à
 désirer, au moins n'est-ce pas par la quantité. On peut s'étonner, ce-
 pendant, que rien n'ait été prévu, qu'aucune disposition légale n'existe
 pour réglementer et déterminer d'une manière fixe et invariable la
 dénomination des rues, quais et places, dans les grands centres de
 population. Le seul acte de l'autorité qui se soit occupé de ce sujet est
 une ordonnance du 10 juillet 1816, portant « que l'autorisation préa-
 « lable du gouvernement devra être demandée quand on voudra don-
 •• ner à une rue, à une place ou un quai un nom d'homme, à titre
 « d'hommage ou de récompense publique. » Puis, vient une ins-
 truction ministérielle du 3 août 1841, qui met au uombre des mesures
 de police tout ce qui est relatif aux noms des rues et aux changements
 dont ils peuvent être l'objet.
    L'ordonnance du 10 juillet 1816 a-t-elle au moins été fidèlement
observée dans notre ville ? Nous ne le pensons pas ; nous croyons
même que partout on s'est affranchi de son exécution. L'instruction
ministérielle a seule conservé sa force et sa valeur. Nous voyons, en
effet, que, le 26 avril 1848, le Comité exécutif, faisant alors fonctions
de Conseil municipal, prend une délibération par laquelle il change la
dénomination des différentes rues. Les noms anciens sont remplacés
par des nouveaux sur les plaques indicatives : l'œuvre est consommée,
sans autre motif que les exigences politiques de la nouvelle révolution.
Déplorable aveuglement des partis, qui repoussent le joug salutaire de
la réflexion ; cèdent à l'entraînement du moment, et n'écoutent la voix
ni du bon sens, ni de la justice, ni de la vérité ! Ce que le parti vaincu
avait exalté outre mesure, le parti vainqueur se complaît à l'abaisser
au plus bas, et l'on tourne ainsi fatalement dans un cercle de repré-
sailles, de récriminations et de violence, qui n'aboutit en fin de compte
qu'à fomenter les haines, irriter les esprits, et jeter le trouble et la
confusion là où l'empire de la concorde, de l'union et de la paix serait