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                      ET DES PÉRILS DE LA. SOCIÉTÉ.                      403
   mais nécessaire. Delà perfectibilité individuelle découle la perfectibilité
    sociale. Cette lampe que le Christianisme a mise dans nos mains, et.
    aux lueurs de laquelle il nous recommande de visiter les recoins de
   n
     otre âme, il ne faut pas la laisser s'éteindre. C'est un mal que la lampe
   soit souvent mal protégée, c'est un danger que les ombres vacillent
   autour de nous, et que trop d'activité extérieure nuise au recueillement
   mtérieur ; du recueillement, du retour sur soi, naissent les volontés
   fortes, la grandeur qui est sûre d'elle-même, la conviction de sa des-
   tinée. Le Christianisme a donné à l'individu son point de départ, et
   cr
      éé, pour ainsi dire, le noyau 'de la liberté. Grâce à lui, la liberté
   Peut se dilater, sans craindre de se perdre dans le vide, de s'évaporer
   dans ses propres ambitions. Si hautes que soient les branches, si lourds
  lue soient les fruits, l'arbre a maintenant de trop solides racines pour
   e>e entraîné par le poids des branches et des fruits !
       On voit maintenant ce qu'il faut penser de cette accusation tant ré-
  pétée contre la liberté, d'aboutir à la haine, à la discorde, au fraction-
  nement de la société, tandis qu'elle est, en réalité, la mère nécessaire,
 féconde, de toute unité sociale ; même alors qu'elle brandit le glaive,
 lu'elle se rue contre les obstacles, c'est toujours, au fond, l'unité
 qu'elle poursuit. Nous ne sommes broyés, selon l'expression de de
 Maistre, que pour être mêlés.
      Nous ajouterons que, si depuis 89 la liberté a parlé haut dans le
 monde, c'est qu'elle a eu conscience de son émancipetion préparée par
 uix-huit siècles de Christianisme. De même que l'enfant à la mamelle
 ne songe guère à demander à sa mère de couper les lisières qui l'ai-
 dent à marcher, de même la liberté, tant qu'elle a besoin d'une tutelle
 Pour grandir, ne demande pas à marcher seule. Les nations mineures
 acceptent la liberté comme une concession, comme un octroi, comme
 e
   ffet; plus tard elles la prennent comme droit, comme cause. C'est
a
  ^ec ce droit et cette cause que le monde moderne sera édifié.
      Il faut en prendre son parti et s'efforcer de construire le monde
nouveau avec ce qui est réel, avec ce que nous avons de meilleur et
de plus fort en nous-mêmes, et non pas avec ce qu'il y a de plus
stérile au monde, avec des regrets ; semer des regrets sur des ruines
n'est-ce pas la grande occupation des théoriciens du passé ? « On ne
supprimera pas plus la Démocratie dans la société que la liberté dans
le Gouvernement. > C!est M. Guizot qui l'a écrit en 1849: « Ce mou-
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vement immense, ajoute-il, qui pénètre et fermente partout au sens
des nations, qui va provoquant sans cesse toutes les classes, tous les
nommes, à penser, à désirer, à prétendre, à agir, à se déployer en