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DE LA DÉMOCRATIE ET DES PÉRILS DE LA SOCIÉTÉ, PAR M. LATJRENTIE. M. Laurentie est un écrivain peu connu en dehors du petit monde pour lequel il écrit; malgré des titres littéraires, déjà anciens, assez nombreux, sinon très-remarquables, son nom résonne comme un nom nouveau ; toutefois, il n'est pas sans autorité, sans considération. Rédacteur en chef du journal l'Union, placé au centre des opinions légitimistes, qu'il sert de sa plume, en môme temps qu'il aspire à être leur guide, il nous a paru utile de rechercher, dans son dernier écrit, la vraie et secrète pensée des hommes qui, au milieu;de nous, tenant encore pour la monarchie du vieux droit, ne se lassent pas de crier, depuis soixante ans, à notre société : En dehors de la monarchie lé- gitime, point de salut, point de salut pour la propriété, point de salut pour la famille, pour l'ordre comme pour la religion ! 11 semble que les religions positives ont seules le droit de parler ainsi ; mais ça été la force, et nous pouvons ajouter l'honneur des théoriciens de la légitimité, d'avoir élevé leurs doctrines à la hauteur d'un dogme, et d'avoir fait de la loi politique une véritable annexe de la loi religieuse. Leur philosophie historique consiste à faire inter- venir la royauté dans l'histoire de France, à la façon de Jéhovah, dans l'histoire du peuple hébreu. Les révolutions et les maux qu'elles engendrent ne sont plus, dans leur système, que le châtiment que la Providence nous inflige pour avoir abandonné le pouvoir établi par elle. Aujourd'hui, dans l'exil, à Froshdorff, le comte de Chambord peut s'écrier , comme Salomon sur son trône : « Le Roi parle avec l'Empire, et nul ne peut lui dire : Pourquoi le faites-vous ? »