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394                       REVUE RÉTROSPECTIVE
plus d'un mois, fut en proie aux accidents les plus graves, et l'on
pouvait justement craindre que sa vie ne fût compromise. Durant la
plus haute gravité de son mal, les sueurs excessives et fétides ne ces-
sèrent jamais. Enfin, après plusieurs oscillations en sens contraire,
il atteignit péniblement la convalescence. Chez ce malade, les prépa-
tions de quinquina en extrait et en lavements furent particulièrement
employées. Nous avons eu, depuis, l'occasion d'observer à peu près
les mêmes accidents chez une femme couchée dans la salle Saint-
Charles ; chez cette malade, l'éruption de sudamina fut confluente et
presque générale, il eut exfoliaUon de tout l'épiderme.
    L'existence de la suette miliaire à Lyon, mérite de fixer l'attention
sous un double rapport : 1° comme affection extraordinaire ; 2° comme
 ayant des affinités avec le choléra morbus épidémique. Sous le premier
 point de vue, la suette est de la famille des maladies pestilentielles
 et épidémiques ; l'histoire de son apparition et les affreux ravages
 qu'elle exerça à cette'àépoque (1483),^lèvent tous les doutes à cet é-
 gard (1). Depuis lors la suette, comme toutes les affections épidémi-
 ques qui perdent de leur férocité à mesure qu'elles s'implantent da-
 vantage dans un pays, a revêtu des caractères moins meurtriers, tout
 en restant dans le domaine des épidémies dangereuses.
    Sous le rapport de ses affinités avec le choléra morbus asiatique,
 nous remarquerons que c'est surtout depuis la première invasion de
 cette épidémie, en France, que la suette s'y est montrée à peu près
 chaque année dans certains lieux. Hors les temps où règne le choléra,
 elle est en quelque sorte endémique en France, et s'y décèle de temps
 à autre par quelques épidémies. Dans les temps de choléra, elle semble
 se déclarer au moment ou faiblit ce dernier. Aux yeux de quelques
 médecins qui l'ont observée dans le nord, elle parait même arrêter le
 développement épidémique du choléra.
    Ainsi, il est de toute évidence qu'un travail morbide précurseur s'o-
 pérait dans le sein de la population lyonnaise. Dans la population
 militaire, ce travail était plus marqué encore ; des diarrhées et divers
 accidents digestifs régnaient dans presque toutes les casernes. C'est
 alors qu'eu lieu la première phase de l'épidémie cholérique à l'hôpital
 militaire : il y eut (le 10 septembre) deux cas de choléra, un des sujets
 atteints succomba. N'oublions pas de noter que,presque dans le même
 temps,le docteur Dauvergne fut appelé à l'extrémité du quartier Perrache,

  (i) "Voy. Freind, Histoire de la médecine, p. a65, in-4°, 17*8. — Id. Grimer,
 Morborum amiquilates, p. 65, Varsovie, 1773.