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 pie vivant au milieu d'un autre peuple ; un peuple dont les conditions
 hygiéniques et pathogéniques ne sont point les mêmes. L'estimable
 médecin en chef de l'hôpital militaire ne perdait point de vue ces
 circonstances, lorsqu'il disait : j'ai vu pendant dix ans, au milieu d'une
 grande ville de garnison, des épidémies de fièvres typhoïdes et de
 méningite, me donner cent malades dans un régiment d'artillerie, et
successivement cent autres dans un régiment d'infanterie, sans qu'un
 seul habitant soit atteint ; et, à d'autres époques de l'année, il y avait
 cent fièvres typhoïdes chez les habitants, et vice versa, pas un seul cas
 à l'hôpital militaire. Ainsi, il n'y avait pas de raison pour induire
forcément l'extension à la population civile de la maladie régnant épi—
démiquement à l'hôpital militaire. C'était trop brusquement mécon-
naître et les garanties que Lyon offrait par son passé, et certaines
particularités propres aux épidémies.
   L'étude des lois de production et de propagation des maladies épi—
 démiques, démontre qu'elles ont besoin, pour leur implantation, d'un
 milieu propre ; il leur faut, en un mot, vis-à-vis des hommes et des
 choses, des éléments de compatibilité. Le principe morbifère étant in-
 variable dans son essence, si ses effets varient, c'est en raison de la
 résistance qu'il éprouve à étendre sa sphère d'activité. 11 est des in-
 dividus réfractaires à tout virus, de ces natures de bronze qu'aucun
poison ne pénètre : de pareils faits se constatent de temps à autre,
mais ne s'expliquent point, car c'est un des mystères de la vie. Or, ce
 qui a lieu pour l'homme, pour son mode de réceptivité morbide, qu'on
 nous pardonne cette expression, existe pour les agglomérations de per-
 sonnes, les populations. 11 est de celles-ci qui, protégées par des cir-
 constances favorables, résistent à l'envahissement épidémique, comme
 nous voyons un individu isolé résister au sein d'une maison, d'une rue,
 d'une ville décimée.
   Si nous appliquons ces notions à notre cité, nous en tirerons, en sa
 faveur, des inductions rassurantes pour l'avenir. 11 existe, en effet,
 un commencement de preuves tendant à faire penser que Lyon est, par
 sa constitution physique ou climatologique, à l'abri des atteintes épi—
démiques ; notre cité se trouverait réfractaire au génie épidémique.
On voit à Lyon, disions-nous il y a peu de mois, des maladies régnan-
tes, on y observe en grand nombre soit des fièvres typhoïdes, soit des
affections catarrhales, des rhumatismes, etc. ; mais, à part la grippe,
affection dont la nature a une affinité spéciale a"vec les maladies inhé-
rentes au climat lyonnais, nous ne sachons point qu'on y ait observé,
depuis longues années, une épidémie proprement dite, c'est-à-dire