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REVUE RÉTROSPECTIVE DU CHOLÉRA DE LYON. Dans ce moment où l'épidémie qui régnait naguère à l'hôpital mi- litaire s'est éteinte, où de tristes appréhensions ne fatiguent plus les esprits, il est bon de jeter un coup d'oeil rétrospectif sur notre passé épidémique, et de juger si Lyon qui, jusqu'à ce jour, vis-à -vis du fléau, semblait une arche sainte, se trouve dépossédé de ses heureuses conditions.il est utile, de plus, de revenir sur les dissidences qui se sont élevées à propos du choléra, parmi les médecins, et qui ont excité à un si haut degré la malveillance du public, toujours si mal disposé à ren- contre de la médecine. Mais, hà tons-nous de le dire, dans ces déplora- bles dissentiments, la science médicale, proprement dite, n'a point été un seul moment en cause. Il y a eu des médecins trop effrayés et trop effrayants, il y en a eu d'autres qui ont trop abondé dans la sécurité d'un optimisme trompeur. Les uns ont vu le monstre prêt à engloutir la population lyonnaise, les autres ont nié jusqu'à la présence du fléau. Mais, en somme , un grand nombre d'hommes de l'art ont entrevu sainement les choses, et se sont défendus également de ces deux ex- trêmes : d'un effroi prématuré et d'une confiance trop illusoire. Ce sont ceux-là qui sont demeurés dans les données scientifiques proprement dites, et qui en ont tiré de légitimes inductions. Nier l'existence du eholéra à Lyon, c'eut été nier l'évidence ; c'eut été nier que tel ou tel groupe de chiffres forme une quantité déterminée ; qu'une ma- ladie qui se traduit par des symptômes caractéristiques, soit cette ma- ladie elle-même, etc.! Non, l'illusionn'étaitpoint possible, en présence de ce qui s'est passé à l'hôpital militaire. Le choléra était bien à Lyon, mais il sévissait dans l'armée, qui est (médicalement parlant) un peu- 26